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Avec des patients et des soignants du Pôle psychiatrique Paris Centre.
Réalisation : Nicolas PhilibertNé en 1951, il entre en cinéma avec René Allio et Alain Tanner, puis co-réalise avec Gérard Mordillat La voix de son maître en 1978. Parmi ses documentaires: Le pays des sourds (1992), La moindre des choses (1996, clinique psychiatrique de La Borde), Etre et avoir (2001, la vie quotidienne d’une école à classe unique), De chaque instant (2018, dans un Institut de formation de soins infirmiers.
Résumé :
Dernier volet du triptyque initié avec Sur l’Adamant puis Averroès & Rosa Parks, le film poursuit sa plongée au sein du pôle psychiatrique Paris centre. Le cinéaste accompagne des soignants bricoleurs au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème à résoudre ou un appareil en panne.
Analyse :
Au sein du poétique et significatif acronyme d’Orchestre, 4 ou 5 soignants psychiatriques très motivés et intervenant deux par deux se sont donnés pour mission de porter secours à tel ou tel patient quand il se trouve confronté dans sa vie quotidienne à un souci dont l’ampleur peut refléter un malaise existentiel. Ainsi découvrent-ils tous les mercredis l’intimité de certains de ceux que le spectateur a pu croiser sur l’Adamant. Ils n’arrivent pas chez eux en blouse blanche mais avec une mallette à outils, un moyen de reprendre contact avec des personnes qui, parfois en proie à des hallucinations, se replient chez elles et peuvent incommoder leur voisinage. Ces embarras, souvent en lien avec une forme d’expression artistique des patients qui est leur prolongement symbolique, sont illustrés ici chez 4 d’entre eux. Patrice, depuis des années, écrit chaque matin un poème en alexandrins, qu’il retranscrit chez lui sur sa machine à écrire; jusqu’au jour où celle-ci se bloque, et bientôt plus de huit mille poèmes s’entassent dans des chemises. Muriel, qui vit en foyer d’accueil, est remarquable par son humour et son sens de la répartie; mais lorsque son lecteur de CD tombe en panne et la prive de sa musique, elle va déprimer. Frédéric, homme blagueur et affable aux multiples talents, est enfermé dans son monde où se croisent poètes, cinéastes, peintres, mais a besoin qu’on l’aide à faire un peu de rangement dans son appartement envahi par des piles de livres, cartons à dessins, disques vinyles, enregistrements divers. Ivan a des difficultés avec son imprimante et se réfugie sur son piano. Gad, son colocataire, débarquera inopinément en plein tournage. Ainsi les “fous” -terme stigmatisant trop souvent proféré- ne sont-ils pas tous à l’hôpital et vivent-ils souvent parmi nous. Le miroir qu’ils nous tendent questionne notre humanité autant que la leur, et nous convie à plus de fraternité. Le travail de l’Orchestre est une démarche psychiatrique pragmatique et subtile qui aide concrètement des personnes qui peinent à habiter leur propre corps et le monde qui les environne. Parfois réparer une salle de bains équivaut à restaurer ou réanimer autre chose.
Jean-Michel Zucker
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