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Avec :
Zoé Saldana (Rita), Karla Sofia Gascon (Manitas/Emilia), Selena Gomez (Jessi), Adriana paz (Epifania), Mark Ivanir (Dr Wassermann), Edgar Ramirez (Gustavo Brun).
Jacques Audiard, né en 1952, a débuté dans le cinéma comme monteur et scénariste avant de réaliser Mortelle randonnée avec son père en 1983. Parmi les dix longs métrages qu’il réalisera ensuite, beaucoup ont été primés : Regarde les hommes tomber (1993), Sur mes lèvres (2002), De battre mon cœur s’est arrêté (2006), De rouille et d’os (2012), Deephan (2015), Un prophète (2019), Les frères Sisters (2018, Les olympiades (2021). Emilia Perez a reçu le Prix du Jury et 4 Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2024.
Résumé :
Au Mexique, une avocate, Rita Moro Castro, est chargée par un chef de cartel en fuite, Manitas del Monte, d’organiser son changement de sexe .
Analyse :
Drame musical, comédie musicale, opéra, thriller, brûlot politique, film de gangsters … , le nouveau film, brillantissime, de Jacques Audiard s’inscrit dans une filmographie qui a souvent mêlé cinéma de genre et cinéma d’auteur. Pendant deux heures le spectateur est emporté par l’histoire folle d’un narcotrafiquant mexicain richissime qui veut à tout prix accomplir son désir intense de devenir une femme. A un rythme fou, multipliant les rebondissements, ce film en espagnol – Audiard lui voulait un côté tiersmondiste, loin d’un anglais hollywoodien - est également politique ; il dénonce vigoureusement des années de dictature et de violence au Mexique, la cruauté des trafiquants de drogue et le malheur de la population. Dès le tout début, le réalisateur pointe en musique la justice corrompue, tandis que Rita, l’avocate, noire, prépare une plaidoirie au profit de son confrère blanc qui fera acquitter un assassin ; un ballet de femmes de ménages évoque la pauvreté et la mort omniprésente. Les dialogues, simplement parlés, parlés-chantés, parfois déclamés ou accompagnés de chansons, participent de l’action. Des scènes magnifiques offrent, comme dans un opéra, des morceaux de bravoure aux principaux personnages, en duos, en groupe, souvent avec des ballets. La scène, ‘Papa, Papa, Papa’, où Emilia chante avec son fils qui a reconnu l’odeur de son père est saisissante. Les deux chirurgiens, de Bangkok et de Tel Aviv, permettent, chacun dans leur style, des moments comiques, pauses bienvenues et toujours en musique. Tandis que le récit se prolonge sur le thème de la rédemption, Zoe Saldana-Rita, merveilleuse danseuse et chanteuse, illumine, en tailleur rouge vif signé fraise Saint Laurent, la scène du gala de bienfaisance. Une mention spéciale aussi à Karla Sofia Gascon, transgenre, qui joue aussi bien les deux personnages, très complexes, que sont Manitas et Emilia. Comme dans de précédents films du réalisateur, on retrouve la double thématique de la violence et de la paternité. A la fin, Las damas que passan, chanson de Bassens arrangée en espagnol par Camille, accompagne une parade des plus mexicaines en hommage aux femmes. Notre cinéaste français a réalisé un vrai film latino, un chef d’œuvre !
Françoise Wilkowski-Dehove
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