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Avec :
Crista Alfaiate (Molly) – Gonçalo Waddington (Edward) – Lang Khè Tran (Ngoc) – Claudio da Silva (Timothy Sanders) – Jorge Andrade (Reginald).
Miguel Gomes, né en 1972 à Lisbonne, est un cinéaste très original, comme le sont souvent les réalisateurs portugais. Auteur à ce jour de 6 longs métrages, sa veine artistique plonge dans deux sources d’inspiration, d’une part l’observation critique de la société contemporaine, comme dans sa trilogie des Mille et une nuits (2015), d’autre part la nostalgie d’une époque révolue, l’époque des empires coloniaux et du cinéma muet, comme dans Tabou (2012) et Grand Tour qui a reçu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2024.
Résumé :
Rangoon, Birmanie, 1918. Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique, s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée, Molly. Déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.
Analyse :
Miguel Gomes s’inspire d’un court récit qu’il a trouvé dans un livre de Somerset Maugham, The Gentleman in the Parlour, paru en 1930. L’histoire se passe en 1918. Edward attend à Rangoon sa fiancée Molly qu’il n’a pas vue depuis 7 ans et qui débarque d’Angleterre pour l’épouser. Au dernier moment, il panique, lui écrit une vague lettre d’excuses et prend le premier bateau pour Singapour. Mais l’intrépide Molly ne se laisse pas abandonner ainsi et le poursuit à Singapour que Edward aura déjà quittée pour Bangkok. Et ainsi de suite, l’une quelques jours après l’autre, ils visiteront Bangkok, Saigon, Shangaï, avec même un détour par le Japon pour Andrew. On s’attend à une superproduction historique reconstituant, au bouton de guêtre près, ce monde colonial disparu, mais ce n’est pas du tout le projet esthétique de Miguel Gomes. Ce Grand Tour, réminiscence du voyage touristique que faisaient en Asie les riches Occidentaux de l’époque, est évoqué par l’enchevêtrement de deux procédés : d’une part des vues actuelles des villes et des différents pays visités, en noir et blanc, mais avec le trafic de voitures ou de motos du monde d’aujourd’hui, d’autre part des scènes tournées en studio avec les acteurs en costumes d’époque, dans des décors qui évoquent la jungle, les hôtels ou les bateaux utilisés par les protagonistes. La cohésion du récit est assurée par une voix off qui relate les aventures d’Edward et de Molly, voix qui change d’un pays à l’autre car elle s’exprime dans la langue du pays traversé : on entend donc du birman, du thaïlandais, du japonais pour finir en chinois.
Cette structure complexe, qui mêle les époques et enchevêtre les langues et qui intercale des séquences en couleurs dans un film en noir et blanc, peut dérouter le spectateur mais il peut aussi trouver beaucoup de plaisir à la manière très originale dont Miguel Gomes recrée une époque et un cinéma car, comme dans Tabou, son film est aussi un hommage aux grands films muets des années 20.
Jacques Champeaux
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