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Avec :
Kani Kusruti (Prabha), Divya Prabha (Anu), Chlaya Kadam (Parvaty), Azees Nedumanged (Dr Manoy), Hridhu Haroon (Shiaz), Tintumol Joseph (Nurse Shanet).
Payal Kapadia est une réalisatrice et scénariste indienne, née à Bombay en 1986. Diplômée de l’institut indien du cinéma et de la télévision, elle a réalisé des courts métrages (Afternoon clouds, 2017, And what is the summer saying, 2018). Son documentaire Toute une nuit sans savoir (A night of knowing nothing), Oeil d’or à Cannes en 2021, évoquait des manifestations étudiantes. All We Imagine As light a obtenu le Grand Prix à Cannes en 2024.
Résumé :
Bien que séparée d’un mari dont elle est sans nouvelles, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire et collègue à l’hôpital , fréquente un jeune homme musulman qu’elle n’a pas le droit d’aimer, elle hindoue. La troisième héroïne du film est une cuisinière, Parvaty, une veuve menacée d’expulsion. La condition féminine sous le patriarcat indien.
Analyse :
Cette chronique de la vie de trois femmes indiennes a pour cadre Mumbaï, gigantesque mégalopole de 22 millions d’habitants avec l’agglomération, où le film a été tourné. Une ville bruyante, difficile à vive et étouffante mais aussi grouillante et attirante ; on y trouve du travail, de l’argent et c’est aussi le lieu de tous les possibles. Mumbaï nous apparaît surtout la nuit, dans les transports, le métro, les échoppes et autres commerces ou dans la rue, souvent sous les trombes de pluie tropicale, des couleurs froides. On découvre aussi la réalité multiforme d’un hôpital qui accueille une population nombreuse, un cours de médecine sur le placenta et, moment comique, l’échographie d’une chatte qui attend des petits. Les portraits des trois femmes sont dessinés progressivement, les informations parvenant par petites touches. Sérieuse et même sévère, Pradha a fait un mariage forcé, son mari est parti travailler en Allemagne et ne donne plus de nouvelles… jusqu’au jour où la jeune femme reçoit un autocuiseur made in Germany. C’est pour elle un choc qui ravive son attachement conjugal et l’on voit sa solitude éclater lorsqu’elle étreint l’ustensile de cuisine comme un être aimé. Avec sa jeune colocataire, Anu, pleine de joie de vivre et plus émancipée, les relations ne sont d’abord pas très étroites mais la confiance finit par s’établir et une vraie solidarité naît. Pradha aide par ailleurs son amie plus âgée, Parvaty. La réalisatrice a expliqué avoir voulu faire un film sur l’amitié qui, note-t-elle, peut remplacer la famille. L’amitié permet de surmonter le patriarcat, qui est d’autant plus présent que les hommes sont plus ou moins absents (mari exilé de Pradha, mari décédé de Parvaty, amour interdit de Anu). Dans la deuxième partie, l’horizon s’élargit lorsqu’après avoir quitté l’enfermement urbain et les néons, on débouche sur la côte vers le village natal de Parvaty. La lumière naturelle fuse sur la mer et les paysages aux couleurs chaudes: les trois amies pourront envisager une autre vie. Une réserve, dans cet autre volet, les moments de fantastique s’inscrivent mal dans le réalisme qui précède. La musique est fondamentale tout au long du film, toujours appropriée, comme ces notes de piano illustrant un ciel et des nuages ou une mélodie discrète un moment amoureux. Et la poésie joue aussi son rôle, valorisant la beauté des actrices.
Un film plein de charme.
Françoise Wilkowski-Dehove
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