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Avec :
Clément Faveau (Totone), Maïwène Barthélémy (Marie-Lise), Luna Garret (Claire).
Louise Courvoisier, née en 1994, a grandi à Cressia, dans le Jura où est tourné le film. A suivi les cours de la Cinéfabrique à Lyon. Alors qu’elle est encore étudiante, son court-métrage, Mano a Mano, reçoit le prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes 2019, ce qui l’aidera à avoir des financements pour ce film. Elle travaille en famille (musique, décors) et avec des comédiens non-professionnels qu’elle a trouvés lors de castings à la sortie de lycées professionnels de sa région.
Résumé :
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et à écumer les comices agricoles et les bals du Jura avec sa bande de potes. La réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Analyse :
La réalisatrice a choisi comme titre de son film une interjection très souvent employée dans la campagne jurassienne. Car c’est la vie de sa région et de ses habitants qu’elle s’emploie à décrire. Nous y voyons leurs activités quotidiennes, centrées sur la production et le ramassage du lait qui sert à fabriquer le produit phare de la région : le comté. Le film se passe en été et la réalisatrice éprouve manifestement beaucoup de plaisir à montrer les paysages vallonnés lors de longs travellings, accompagnés de la musique originale composée pour le film. En dehors de leur travail, les habitants ont de multiples distractions : les comices agricoles, les bals (où la bière coule à flot et où il y a pas mal de bagarres), les stock-cars.
Le héros du film, Totone, est un personnage très attachant. Il a tout à apprendre. Il est constamment épaulé par sa bande de trois potes, que ce soit pour se sortir de situations difficiles lors de bagarres, pour voler du lait ou pour tenter de fabriquer son comté. Certaines scènes font penser aux Pieds Nickelés. Il reçoit également le soutien de Marie-Lise, une jeune agricultrice tendre et bourrue, qui l’incite à se mettre au travail et l’initie à la sexualité féminine.
Les acteurs, tous non professionnels, jouent très juste. Luna Garret, la petite sœur, est charmante, jamais geignarde malgré les difficultés. Elle soutient son frère. Le film dégage beaucoup d’énergie, de joie de vivre. Le regard de la réalisatrice sur ses jeunes personnages est horizontal, jamais surplombant. Elle les a dépeints beaux, pleins de ressource, solidaires, heureux dans leur cadre de vie. Elle voulait montrer la jeunesse rurale, sous-représentée au cinéma et qu’elle connaît bien.
Dans son genre, c’est un premier film très réussi. Reste à savoir si cette toute jeune réalisatrice saura créer dans un tout autre contexte.
Catherine Le Boulc'h
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