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Avec :
Eddie Peng (Lang), Liya Tong (Raisin), Jia Zhangke (Oncle Yao, le voisin qui a deux chiens).
Guan Hu, 56 ans, est davantage connu en Chine pour ses films grand public – Cow (2009), Mr Six (2015), The Eight Hundred (2020) – que pour des films d’auteur comme celui-ci. Mais il a fait un écart avec Black Dog, qui a reçu le Prix Un certain regard à Cannes, en 2024. On peut remarquer qu’il aime à introduire des animaux dans ses films.
Résumé :
Après son séjour en prison, Lang revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi. Alors qu’il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux. Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires.
Analyse :
Une plaine dépeuplée cernée par des montagnes aux reliefs adoucis, où des hordes de chiens errants dominent, constitue le décor du début et de la fin du film. Un vieux bus, chargé jusqu’au toit, apparaît, dérape et se couche. Son allure était faible, les passagers en sortent indemnes, remettent le bus sur ses roues et attendent la police qui va enquêter. Parmi eux le héros du film, Lang, mutique, revient en ayant purgé une peine de prison, la ville de son enfance n’est pas loin.
Peut-on appeler ‘ville’ ce groupe de maisons, la plupart inoccupées et vouées à la destruction. Lang repérera la sienne ainsi que son ancienne moto, son vieux voisin, et finalement son père, gardien d’un zoo exsangue, aussi mutique que le fils. Le réalisateur a situé le film en 2008, juste avant les Jeux Olympiques. On démolit les villes minières pour faire de spectaculaires transformations à l’intention du projecteur qui va être braqué sur la Chine. Des chiens, abandonnés par leurs maîtres, ont aussi envahi le terrain et sont considérés comme un risque sanitaire. Des brigades tentent de les maîtriser et les tenir enfermés, Lang s’y fait embaucher.
Guan Hu plante ainsi le décor décourageant de son histoire... et l’enrichit d’une poésie étonnante. Les mots magiques de notre enfance reviennent : – Qu’est-ce que signifie ‘apprivoisé’ ?… – Créer des liens... Lang devient le Petit Prince en sauvant le Chien Noir, tout d’abord pour s’assurer pendant quelques jours que celui-ci, qui l’a mordu, n’a pas la rage, puis les deux s’apprivoisent mutuellement pour devenir inséparables. Le chien devine toutes les intentions de son maître et le supplée même quand celui-ci hésite à tirer sur un lapin pour nourrir le tigre abandonné au zoo.
Le retour de Lang réveillera de vieilles haines qui tourneront au drame. Il repartira alors sur sa moto, un jour d’éclipse, avec, dans son sac à dos, un nouveau ‘lien’ qui vient d’être créé. Dédicace du réalisateur : « A tous ceux qui reprennent la route. »
L’acteur Eddie Peng est une trouvaille pour ce film. Il surprend par son mutisme déterminé qui dévoile un atout de plus : toutes les émotions qu’il doit exprimer par son visage, son attitude, sont ainsi sublimées. Dans un ‘dialogue’ avec Raisin, une jeune femme qui aimerait bien s’engager avec lui, le regard perdu de Lang exprime qu’il n’est pas encore prêt.
Le réalisateur filme la ville avec soin : maisons éventrées, portes de bois défoncées ou accrochées à des pans de murs, poussière, hommes et chiens qui traînent. Les intérieurs ne sont pas en meilleur état.
On appréciera que l’existence antérieure de Lang ne soit pas explicitée. Quelques pistes sont amorcées par Guan Hu. A chacun sa réponse.
Nicole Vercueil
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