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Après une quinzaine d’années de courts métrages et de de téléfilms, elle alterne longs métrages documentaires et fictions depuis 30 ans et a dirigé le département réalisation à la Femis. Parmi ses films les plus remarqués figurent Récréations (1992), Coûte que Coûte (1995), Sinon oui (1997), Les bureaux de Dieu (2008), Gare du nord (2013), Le concours (2016), Premières solitudes (2018) Vous ne désirez que moi (2020), Notre corps (2023).
Résumé :
APPRENDRE, lever le doigt, ne pas se tromper. Avoir envie que la maîtresse ou le maître nous dise : c’est bien ! Savoir lire, écrire, compter, c’est pas toujours facile. APPRENDRE aux enfants, détecter dans leurs yeux ce qui coince, les encourager, les aider. Les faire lire, chanter. APPRENDRE à se parler dans la cour plutôt que de se battre. APPRENDRE, cela se passe dans une école élémentaire de la République dans une ville de la banlieue parisienne.
Analyse :
Apprendre suit le quotidien de plusieurs classes de l’école primaire Makarenko d’Ivry-sur-Seine. Elle souhaite ici se concentrer sur la fabrique du citoyen qui est le noyau éducatif de cette école, héritière des propositions du grand pédagogue soviétique et où le directeur et les enseignants sont dit-elle des « civilisateurs ». Et de fait elle va filmer l’école de la République dans ce qu’elle a de plus fort, sa mixité sociale, l’engagement et la faculté d’adaptation des enseignants, et leur créativité pour transmettre les savoirs. Venue avec l’idée de filmer la récréation, elle a rapidement fait le choix, avec l’aval de presque tous les professeurs, de suivre dans les classes les méthodes d’apprentissage spécifiques à chaque enseignement -lire, écrire, compter, chanter, jouer aux dames- mais aussi un autre type d’apprentissage, celui de la sociabilité et du contrôle des émotions, en s’intéressant aux relations des enfants avec des adultes qui s’efforcent, pour désamorcer la violence, de leur faire parler leurs colères, leurs frustrations ou les conflits, en restant toujours reliés les uns aux autres. Ainsi filmera-t-elle, avec une petite caméra, sans couper d’un plan à l’autre, et à leur hauteur, de nombreux enfants de cette école, pour rendre compte avec empathie de la diversité des vécus, des affects et des dynamiques à travers le concret des situations que la mise en scène choisit et met en relief pour leur conférer une puissance expressive. Le quart d’heure lecture, frappant par la concentration des yeux et des lèvres qui suivent le texte, nous convainquent que tous les enfants veulent bien faire, et que l’école est un lieu où ils comprennent qu’ils ont une place à la fois individuelle et collective dans un monde dont les enseignants, qui ont confiance dans leur capacité à apprendre, leur ouvrent les portes, comme lorsque ils reçoivent pour un échange musical les élèves de l’École alsacienne, au risque de percevoir le hiatus social qui les sépare, ou qu’ils font un voyage à Paris et naviguent sur la Seine en bateau-mouche. Ce film, plein de confiance en l’institution et en les adultes qui l’incarnent, est beaucoup plus qu’un feel-good documentaire. C’est un message d’espoir et un hommage lucide à l’école publique et aux enseignants qui luttent contre l’inégalité des chances et la pesanteur des héritages culturels.
Jean-Michel Zucker
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