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Après une adolescence tumultueuse il se passionne pour le cinéma. Une 1ère fiction, Affaire de famille (2008), est suivie de 2 documentaires remarqués, Au bord du monde (2014) sur les sans-abris parisiens et America (2018) sur l’élection présidentielle américaine. Après Sous les étoiles de Paris (2020), Au coeur du bois (2021) traite de la prostitution au Bois de Boulogne.
Résumé :
Ils sont de toutes origines et ont vécu près d’un siècle. Ils ont traversé les bouleversements de l’histoire. Ils sont drôles, émouvants, rebelles. Ils nous surprennent et nous émerveillent. Pourtant, on entend rarement leur voix. Ce film est une invitation au voyage à travers la France, à leur rencontre : les Vieux.
Analyse :
Le réalisateur se propose, après s’être assuré que ces personnes sont franchement «partantes», d’accoucher la parole habituellement inaudible des «vieux», considérés par la société comme un poids. Ces rencontres sont autant de vignettes -plans fixes, sans éclairage- centrées sur plus d’une trentaine de femmes et d’hommes très divers- ruraux, ouvriers, immigrés- nés avant la 2ème guerre mondiale et vivant un peu partout en France, chez eux ou en Ehpad. Il s’agit de témoignages bruts et délibérément non préparés, hésitants, émus, coupés de silences ou de larmes furtives, mais qui loin d’être plaintifs, sont parfois avec humour empreints d’une vitalité surprenante, et souvent de sérénité face à la mort. Entre ces intenses moments face caméra, Le cinéaste ménage des respirations -plans méditatifs de plaines verdoyantes, montagnes enneigées, cieux embrasés, qui, accompagnés d’une musique presqu’hypnotique, sont autant d’allusion à la pérennité de la nature auprès de la condition humaine. Ces « vieux » nous parlent de leurs expériences de vie, et d’ailleurs à quel âge est-on vieux ? Plusieurs thématiques reviennent dans leurs propos. Pour beaucoup c’est le traumatisme durable de la guerre -port de l’étoile jaune, souvenirs obsédants des guerres d’Indochine ou d’Algérie- ou, dans le nord, des accidents de la mine. L’évocation du partage amoureux et de la dépendance réciproque qu’il entraîne est fréquente aussi, nous faisant percevoir la simplicité et le mystère d’une vie de couple dont ils semblent découvrir avec fierté la longévité. Mais c’est l’isolement plus que la solitude que certains paraissent redouter et on souffre avec cet homme qui a perdu sa femme et ne s’en remet pas ou avec le centenaire dont l’idéation et la parole sont si douloureusement ralenties. En revanche la pensée de la mort paraît le plus souvent ne pas les bouleverser: ils en parlent et ils l’acceptent. Soulignant l’importance dans leur grand âge de la remémoration des liens humains, ces « vieux » nous donnent des leçons de vie, et, fasciné de bout en bout, le spectateur se reconnaît un peu dans le miroir que l’une ou l’autre de ces personnes lui tendent tour à tour.
Jean-Michel Zucker
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