PROtestants et FILmophiles |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Avec :
Itsaso Arana (Ale), Vito Sanz (Alex), Fernando Trueba (le père de Ale)
Né en 1981 à Madrid, Jonas Trueba est un réalisateur espagnol qui a déjà près d’une dizaine de films à son actif, son premier film, Todas las canciones hablan de mi datant de 2010. Mais il faut attendre 2020 pour qu’un de ses films soit enfin projeté en France et encensé par la critique comme par le public : ce sera Eva en août, son cinquième long-métrage, tourné également avec sa compagne et complice, Itsaso Arana. Septembre sans attendre est son neuvième long-métrage.
Résumé :
Ale et Alex sont mariés depuis 15 ans quand ils décident de se séparer er d’organiser à cette occasion une grande fête en y invitant tous leurs proches.
Analyse :
C’est un film d’un charme fou, réalisé par un fou de cinéma pour qui le cinéma c’est la vie, et la vie c’est le cinéma. A preuve, dès le départ, les ricochets entre réel et fiction : On trouve, auteurs du scénario, Itsaso Arana et Vito Sanz et l’on va les retrouver à nouveau dans le film, elle jouant comme par hasard le rôle d’une scénariste-réalisatrice, Ale, lui, celui de Alex, un acteur. Si l’on ajoute que Fernando Trueba, père de Jonas, joue dans le film le rôle du père de Ale, et l’on pressent que réel et imaginaire, vie et cinéma, vont s’abymer à tour de rôle et joyeusement.
Mais voyons l’histoire : Ale et Alex vivent en couple depuis quinze ans et tout se passe pour le mieux. Dès lors, Pourquoi continuer ? D’où l’idée saugrenue qui leur germe d’une séparation officielle célébrée par une grande fête où seraient invités tous leurs amis. Idée infusée peut-être par le père de Ale prétendant que, les mariages ne durant jamais, « les couples devraient fêter les séparations plutôt que les unions ». Lequel père est d’ailleurs le premier sidéré de se voir pris au mot. Cette sidération désolée est aussi la réaction systématique des amis à qui Ale et Axel apprennent leur décision. Il en résulte une suite de scènes irrésistibles de drôlerie et de vérité où l’effet de répétition joue à plein et où la réputation faite à Jonas Trueba d’être le Rohmer espagnol s’avère assez justifiée.
On a là une situation de cinéma qui rappelle les comédies de remariage américaines des années 40 (Hawks, Cukor, Leo McCarey…).. Références d’ailleurs clairement annoncées dans le clin d’œil que Itsaso Arana fait à Katherine Hepburn en copiant son look. Mais ce n’est qu’un clin d’œil, à ne garder en mémoire que le temps d’un clin d’œil : Itsaso Arana n’est pas Katherine Hepburn et ne cherche pas à l’être, idem pour Vito Sanz/Cary Grant. L’essentiel est dans une autre idée de cinéma, plus intéressante que la recopie pâlie d’un genre disparu : on comprend à mesure, en voyant Ale monter le film qu’elle vient de faire, que ce film est celui que nous sommes en train de regarder. On a l’impression d’être sur un curieux ruban de Möbius où l’on passe en continu de la face de la réalité à la face de la fiction. Alors, cette fête de séparation attendue à laquelle on assiste à la fin du film, que faut-il en penser ? Vie ou cinéma ?
Jean Lods
Autres articles sur ce film
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier |