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Fiche technique :
Réalisation et Scénario : David Schickele. Photographie : David Myers. Son : Paul Oppenheim. Montage : Jennifer Chinlund, David Schikele. Production : Bushman Company. Distribution : Malavida.

Avec :
Paul Eyam Nzie Okpokam (Gabriel). Elaine Featherstone (Alma). Jack Nance (Felix). Patrick Gleason (Marty). Lothario Lotho (le frère d’Alma).Donna Michelson (Diane). David Schickele (Mark). Myke Slye (le motard).

Bushman

Etats-Unis d'Amérique, 2024, 73min.

Sorti en 1971 aux Etats-Unis

Réalisation : David Schickele

Biographie :

David Schickele (1937-1999), musicien, réalisateur et acteur américain, est né de parents immigrés alsaciens. En 1961, il rejoint le Peace Corps et enseigne l'anglais au Nigeria jusqu'en 1963. Son 1er film, Give Me a Riddle (1966), est inspiré par cette découverte personnelle des subtilités d'une culture différente. Bushman a obtenu de nombreuses récompenses en festivals.

Résumé :

En 1968, Martin Luther King est assassiné et la guerre du Biafra entraîne une terrible famine. Gabriel a fui le Nigéria et vit à San Francisco, au contact de la communauté afro-américaine et des milieux bohêmes blancs. sa vie d'exil est jalonnée de rencontres et d'errances, mais il reste habité de la nostalgie du village de son enfance. Bientôt, son visa arrive à expiration…

Analyse :

A la croisée du cinéma-vérité et des fictions contre-culturelles, ce bref et âpre long métrage est le portrait cinématographique à la fois documentaire, imaginaire et poétique de Gabriel, un jeune intellectuel nigérian exilé dans la Californie raciste de la fin des années 60, agitée par la contestation de la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques et l’émergence des Black Panthers. Gabriel est venu enseigner la littérature à San Francisco, et ne veut pas retourner dans son pays déchiré par la guerre civile du Biafra. Ses libres déambulations sur les campus ou en ville, aux côtés de sa copine Alma aussi joyeusement pessimiste que lui et de hippies pittoresques, mettent en lumière avec amertume et ironie, mais sans aucun pathos, la souffrance de l’exil, l’illusion de l’intégration et le racisme ordinaire. Elles sont entrecoupées de flashs impressionnants sur les violences africaines -tournées par le réalisateur lui-même au Nigeria lors d’un séjour humanitaire- et de multiples scènes rêvées de son village que commente Gabriel en voix off. Le tournage n’a pu aller à son terme, car il est arrivé à l’acteur ce que prévoyait le scénario: arrêté par la police, au cours d’une manifestation étudiante lors des émeutes de 1968, Paul Okpokam a été accusé de terrorisme et emprisonné un an, avant d’être expulsé vers son pays. La dimension politique de ce brûlot et une inventivité formelle dans le style de Cassavetes se conjuguent pour faire de ce film une splendide évocation onirique du réel. On ne sait ce qu’il faut admirer le plus de l’originalité et de la variété des cadrages, de la fluidité du montage, du fascinant noir et blanc d’une image restaurée en 4K, ou d’une utilisation étonnante de la musique et de la bande son. 

Jean-Michel Zucker

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