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Fiche technique :
Réalisation : Claire Burger – scénario : Claire Burger et Léa Mysius – directeur de la photographie : Julien Poupard – chef monteur : Claire Burger – son : Julien Sicart – production : Les Films de Pierre – distribution : Ad Vitam.

Avec :
Josefa Heinsius (Lena) – Lilith Grasmug (Fanny) – Nina Hoss (Suzanne, la mère de Lena) – Chiara Mastroianni (Antonia, la mère de Fanny) – Jalal Altawil (Anthar, le père de Fanny).

Langue étrangère

France, 2024, 105min.

Claire Burger, scénariste et réalisatrice française née en 1978 à Forbach, a été récompensée à Cannes en 2014, pour son premier long métrage, Party Girl, co-réalisé avec Marie Amachoukali et Samuel Theis, qui a obtenu le Prix de la caméra d’or du meilleur premier film. Son deuxième long métrage, C’est cela l’amour, a été présenté et primé à la Mostra de Venise en 2018. Langue étrangère a été sélectionné à la Berlinale 2024 dans la section Compétition. 

Résumé :

Fanny a 17 ans et elle se cherche encore. Timide et sensible, elle peine à se faire des amis de son âge. Lorsqu’elle part en Allemagne pour un séjour linguistique, elle rencontre sa correspondante Lena, une adolescente plus mûre qui rêve de s’engager politiquement. Fanny est troublée et, pour plaire à Lena, elle est prête à la suivre partout.

Analyse :

Claire Burger utilise le thème du séjour linguistique pour nous livrer une réflexion sur les désarrois de la jeunesse d’aujourd’hui, face à la crise climatique, à la montée du populisme et à la guerre à nos portes. Fanny est timide, introvertie et un peu mythomane car elle ment pour se faire aimer. Elle débarque à Leipzig pour un échange linguistique dans une famille dans laquelle la mère s’enfonce dans l’alcool et la dépression alors que la fille, Lena, semble une forte tête engagée politiquement. Après une première partie à Leipzig, où l’on vit les choses du point de vue de la jeune Française, on retrouve les deux jeunes filles à Strasbourg, dans la famille de Fanny, et les événements sont alors observés par les yeux de la jeune Allemande. Si l’échange linguistique peut être vu comme une métaphore de l’amitié franco-allemande, le choix de Leipzig et de Strasbourg ne sont pas anodins : Strasbourg est un symbole de l’Europe et Leipzig, où ont commencé les manifestations qui ont conduit à la chute de la RDA, est une ville traditionnellement de gauche, dans un Land de Saxe touché par la montée de l’extrême droite. La toile de fond du film est donc politique (certaines scènes à Strasbourg ont même été tournées pendant de vraies manifestations contre la réforme des retraites) mais le film est d’abord un film sur l’adolescence et sur la naissance d’une amitié, voire d’un amour, entre deux jeunes filles que tout semble opposer au début. Cette tranche de vie franco-allemande est parfois un peu décousue, l’intrigue est ténue mais la peinture délicate des sentiments des deux jeunes filles et le réalisme des situations rendent ce film attachant. Ajoutons que les deux jeunes interprètes sont remarquables, de même que leurs deux mères, interprétées par deux grandes actrices allemande et française, Nina Hoss et Chiara Mastroianni, pleines d’une affection inquiète pour leurs filles adolescentes en voie de prendre leur indépendance. 

Jacques Champeaux

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