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Né en 1962, il est connu pour son travail de critique du fonctionnement des médias dominants. D’abord journaliste militant, il travaille beaucoup pour la télévision et plusieurs de ses reportages ne seront pas diffusés. En 1998, Pas vu pas pris obtient le grand Prix et le prix du public à Belfort, suivi en 2001 de La sociologie est un sport de combat, un portrait de Bourdieu, puis de très nombreux films socialement et politiquement engagés.
Résumé :
Retour sur 50 ans de vie de la guérilla colombienne, les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie). Des femmes et des hommes, qui ont pris les armes dans un contexte de profondes inégalités sociales et de violence politique, racontent sans se renier leur vie de combattants et leur sortie du maquis, depuis le début des négociations de paix en 2012, jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement progressiste en 2022.
Analyse :
Pierre Carles a passé une partie de son adolescence à Bogota au contact de son beau père Duni Kuzmanich, un cinéaste chilien qui a été le premier, dans sa fiction Canaguaro (1981), à ne pas présenter les FARC comme des bandits. Aboutissement d’un projet personnel de 15 ans, ce documentaire, en forme de lettre ouverte à Duni portée par une voix off, retrace 60 ans de la résistance armée courageuse et méconnue de ces femmes et de ces hommes, principalement d’origine rurale, qui ont combattu les grands propriétaires fonciers qui s’appropriaient leurs terres. Ces quelques centaines de guérilleros au départ, firent déjà , en 1965, dans l’émission 5 colonnes à la une, l’objet d’un reportage favorable de 2 jeunes cinéastes militants, Muel et Sergent : Rio Chiquito. Par la suite la politique d’enlèvements - dont le plus médiatisé fut celui d’Ingrid Betancourt - eut un effet dévastateur sur l’image des FARC. C’est en 2016, lorsque le « commandant Timochenko » signe avec le président colombien un accord de paix mettant fin à leur guérilla, que Pierre Carles rencontre une quinzaine de ces combattants et les interroge sur leur vie dans le maquis. Fasciné par ‘cette microsociété qui avait aboli la propriété privée et pratiquait le collectivisme dans la forêt colombienne’, le cinéaste filme ces femmes et ces hommes, entre deuil et espoir, dans le moment de bascule où ils rendent les armes et reviennent à la vie civile. La force du documentaire repose sur la durée qu’il déploie, avec des interviews récurrents de certains combattants entre 2012 et 2023 qui racontent la violence et la sortie compliquée du maquis. Certes le film se veut partisan mais il prend le parti de ces paysans pauvres, exploités et humiliés, bien différents des terroristes qu’en faisaient certains médias, et il faut avoir en tête l’intégralité du conflit pour saisir toute sa complexité, sa légitimité, et la portée d’un traité de paix qui permettra à un ex-guérillero, Gustavo Petro, d’arriver au pouvoir en 2022. La fin du plus vieux maquis communiste de la planète marque-t-elle aussi la fin d’une forme de lutte caractéristique du XXe siècle qui espérait changer ainsi la société ?
Jean-Michel Zucker
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