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Fiche technique :
Scénario, réalisation et image : Claudia Marschal et Emmanuel Siess - Son : Emmanuel Siess, Martin Sadoux, Grégory Pernet et Manuel Vidal - Musique originale : Lozarey – Montage : Luc Forveille et Sophie Pouleau – Distribution Shellac .

La déposition (Documentaire)

France, 2024, 92min.

Réalisation : Claudia Marschal

Biographie :

A sa sortie de l’école documentaire de Lussas, Claudia Marschal réalise des films entre documentaires et fictions, où se trouvent souvent mêlés, comme dans La déposition, des images d’archives. Elle a une dizaine de films à son actif. La déposition a été récompensée par le Prix de la Critique au Festival de Locarno.

Résumé :

1993. Emmanuel croit trouver un refuge auprès de Hubert, le curé de son village en Alsace. Mais un après-midi pluvieux, Emmanuel ressort du presbytère après avoir juré de ne jamais raconter ce qui s’y est passé. Trente ans plus tard, Emmanuel se souvient de ce jour. À la gendarmerie, il active discrètement l’enregistreur de son téléphone et commence sa déposition.   

Analyse :

La réalisatrice a choisi pour titre La déposition mettant ainsi l’accent sur la partie centrale de son travail : Emmanuel avait eu le courage de témoigner malgré ses peurs encore vives. Mais de plus, avec sa double interprétation, ce titre a accompagné un soulagement chez Emmanuel quand il l’a appris : il s’était senti soulagé de ‘déposer’ le fardeau qu’il portait sur ses épaules depuis tant d’années.

Ce film est un outil efficace pour ouvrir la possibilité de parole chez les jeunes traumatisés par des prédateurs, prêtres ou non, quels qu’ils soient. Le problème qui se pose aux enfants lorsqu’il s’agit d’un membre du clergé est encore plus grave parce que la confiance des parents envers le prêtre est totale, ils refusent donc de croire les tout jeunes. Le père d’Emmanuel n’avait donc pas le moindre soupçon, sa mère était morte, et seule sa cousine, la future réalisatrice du documentaire, l’avait écouté avec empathie. 

Bien plus tard après les faits, une lettre d’Hubert adressée à Emmanuel relate une rencontre avec le père de celui-ci… qui en serait sorti ‘pacifié’. Ce nouveau témoignage de la fausseté du curé est alors le choc déclencheur de sa résolution : sa déposition auprès de la gendarmerie. Il en sortira grandi, fort de sa réappropriation : il a pris son destin en main.

Le film est donc structuré par cette déposition. La fermeté du ton assuré du jeune homme et sa prise de son, discrètement sur son téléphone en témoignage avéré, le soutiennent dans sa démarche. Emmanuel, non seulement entre dans le film de Claudia mais s’en empare, y participe, en est presque l’auteur. C’est pourquoi il sera crédité au générique pour l’image et le son (essentiellement dans la gendarmerie).

Claudia concentre son attention sur le montage : comme tout le temps consacré à la déposition elle-même - c’est à dire le moment le plus important du film – n’a pas d’images d’accompagnement, elle utilise les films de l’époque en Super 8, ainsi que les archives familiales comme celles du village. Ces matériaux suivent la voix d’Emmanuel dans la gendarmerie, et permettent aux spectateurs de situer les événements, et les protagonistes. Cela crée surtout, au temps présent, une interprétation du passé en connaissance de cause : ce qui a été pour Emmanuel une blessure toujours vivante.

La plainte d’Emmanuel a été qualifiée sans suite, les faits étant obsolètes, mais le but de ce film émouvant est essentiellement de créer la possibilité de libérer la parole de ces enfants meurtris. 

Nicole Vercueil

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