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Avec :
Saoirse Ronan (Rona), Saskia Reeves (Annie), Stephen Dillane (Andrew), Paapa Essiedu (Daynin).
Nora Fingscheidt, née en 1983, est une réalisatrice et scénariste allemande. Son premier long métrage, Benni, Ours d’Argent à la Berlinale 2019, a aussi représenté l'Allemagne pour les Oscars en 2020. En 2021, elle réalise Impardonnable, et dirige les actrices Sandra Bullock et Angelina Jolie. The Outrun,son 3eme long-métrage, a fait sa première au festival de Sundance 2024, il a aussi été nominé au Panorama Audience Award pour le Best Feature Film à la Berlinale 2024.
Résumé :
Rona, bientôt la trentaine, brûle sa vie dans les excès et l'alcool et se perd dans la vie nocturne londonienne. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.
Analyse :
The Outrun fait partager le voyage psychologique, temporel, géographique et thérapeutique de son héroïne, Rona, incarnée à l'écran par une très inspirée Saoirse Ronan qui, à travers de nombreux gros plans sur son visage et son corps, nous fait partager et vivre ses émotions, son passé de bruit et de fureur, comme les éléments et les paysages des îles Orcades, dont la beauté mais aussi la puissance vont peu à peu refaçonner Rona.
La narration du film n'est pas linéaire mais épouse la pensée de Rona, à la recherche d'un futur, qui passe par un présent, qui renvoie sans arrêt à son passé, soit à Londres lorsqu'elle était étudiante puis chercheuse en Biologie, soit dans son enfance dans la ferme de ses parents sur les Orcades.
Ces va et vient temporels sont rythmés par son addiction à l'alcool, qui est la raison de son retour parmi les siens et sur la terre qui l’a vue grandir dans un premier temps, avant de poursuivre son voyage vers une autre île, au bout de l'archipel, pour se perdre et se retrouver davantage.
Sur les Orcades, un "outrun" est un morceau de côte, battu par les vents et les embruns et qui ne peut être cultivé. Seule l'herbe y pousse, de manière très mesurée, donnant l'impression d'être tondue naturellement.
L'alcool, la bipolarité de son père, la séparation de ses parents et l'extrême religiosité de sa mère sont autant d'obstacles qui font de la vie de Rona un "outrun" mental.
La légende des selkies, la version irlandaise et écossaise des sirènes, ainsi que celle du Stoor Worm, un serpent géant, jalonnent et nourrissent l'imaginaire de Rona, illustré, dans le film, par des animations mais aussi une bande son et musicale omniprésente qui rend compte des bruits de la nature et de la ville et qui nous fait partager en permanence l'univers sonore de Rona, y compris à travers son casque audio, qui devient souvent la source de la musique du film.
Même si le film se déroule à travers ses sens et sa pensée, les personnages secondaires, comme son père et sa mère, tout comme son compagnon Daynin et les habitants des Orcades, apportent soit un goût de bout du monde, soit une humanité qui participent à la reconstruction de Rona.
Ce film ne saurait donc se résumer à la désintoxication d'une trentenaire ainsi qu’à un long chemin vers la sobriété car il parvient à montrer, à l'écran, la dimension cinématographique de ces îles battues par les vents et l'océan, tout en nous faisant partager la psyché de Rona, à travers des gros plans et un jeu d'actrice tout en nuances et sensibilité, qui nous font partager un voyage personnel, sublimé par une nature "larger than life".
Eric Santoni
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