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Avec :
Tommaso Ragno (Cesare Graziadei), Roberta Rovelli (Adele), Martina Scrinzi (Lucia Graziadei), Giuseppe De Domenico (Pietro Riso), Carlotta Gamba (Virginia), Orietta Notari (Zia Cesira), Santiago Fondevila (Attilio), Rachele Potrich (Ada Graziadei), Anna Thaler (Flavia Graziadei), Patrick Gardner (Dino Graziadei), Enrico Panizza (Pietrin).
Née en 1975, Maura Delpero est d’origine italienne. Enseignante en Lettres pendant 15 ans, elle se fait d’abord connaître par ses documentaires qui reçoivent de nombreux prix, puis devient metteur en scène et scénariste avec un premier film Maternal en 2020. Elle reçoit le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise pour Vermiglio en 2024
Résumé :
En 1944 au nord de l’Italie, dans un village du Trentin appelé Vermiglio, un soldat sicilien blessé, Pietro, trouve refuge. Il y rencontre Lucia, l’aînée d’une famille nombreuse, les Graziadei. Tous deux tombent amoureux et se marient. Mais un secret va bouleverser leur histoire ainsi que celle de la famille de Lucia.
Analyse :
Vermiglio, qui porte le nom du village italien du Trentin Haut Adige dont le père de la réalisatrice est originaire, est un film sobre dans lequel on entre lentement comme au rythme de ses habitants qui, en 1944, vivent encore selon des traditions ancestrales dans une nature magnifique et austère à laquelle ils ressemblent. Pauvreté, dureté du climat, ignorance, préjugés, poids de la religion, du patriarcat et lointaine mais intense influence de la guerre sont autant de thèmes abordés en nous faisant découvrir la vie de la famille Graziadei à laquelle nous nous attachons tant la réalisatrice a mis de justesse et de sensibilité à nous les présenter. On est taiseux dans ce pays rude et seule la curiosité naïve et insatiable des plus petits, les confidences chuchotées dans les chambrées où on dort à plusieurs pour se tenir chaud renseignent peu à peu le spectateur. Chacun a ses secrets, ses souffrances filmées avec pudeur. Surtout les femmes enchaînées par des grossesses à répétition, meurtries par la mort fréquente de leurs nouveaux nés et contraintes à sacrifier leurs désirs profonds pour se conformer à ce qu’on attend d’elles. Mais chacun aussi, traité avec humanité et respect par le regard presque tendre de la réalisatrice, porte en lui un don, un idéal ou une espérance : la foi pour Ada la sacrifiée qui ne fera jamais d’études et deviendra religieuse, l’amour romantique déçu puis retrouvé dans la maternité pour Lucia, les dons manuels pour Dino le mal aimé. Même le patriarche, très conscient de sa valeur, croit fermement aux bienfaits de l’éducation et nous inspire de la sympathie quand il tente d’insuffler à ses élèves quelques principes d’hygiène avec les pauvres moyens du bord (jolie scène de gymnastique « sur banc » à l’école) et de « nourrir leur âme » en faisant un parallèle entre les 4 saisons de Vivaldi et les sons de la nature ou quand Il manifeste à sa femme une tendresse protectrice. Il y a de la noblesse dans toutes ces vies âpres qui cherchent la lumière. Beaucoup de plans fixes comme dans un album de photos, de silences, une interprétation impeccable, des lumières blanches et bleues, donnent au film un charme presque contemplatif qui, par sa beauté et sa profondeur rappelle un autre film italien, L’arbre aux sabots d’Ermanno Olmi (1978).
Catherine Joseph
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