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Documentaire
Réalisation : Gilles Perret, François RuffinNé en 1968, le documentariste Gilles Perret, fils d’un ouvrier militant à la CGT, réalise en 1999 Trois frères pour une vie saga familiale d’agriculteurs, puis Walter, retour en résistance (2009), Les Jours heureux (2013), La Sociale (2016), L’Insoumis (2017). Avec François Ruffin, auteur lui-même de Merci Patron ! (2016), il a écrit J’veux du soleil (2019) sur les Gilets jaunes et Debout les femmes (2021), auprès de ces invisibles du soin et du lien.
Résumé :
Dans le show des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte : « C’est quoi ce pays d’assistés ? de feignasses ? » - «Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député Ruffin : - « Je vous demande d’essayer de vivre, pendant 3 mois, avec 1.300 €. » - « Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal ». Alors : peut-on réinsérer les riches ? Une comédie documentaire, avec rires et larmes, qui met à l’honneur ceux qui tiennent le pays debout.
Analyse :
Ce film est une fable réaliste que n’aurait pas désavoué La Fontaine. Malgré le ton badin et bonhomme qu’ont choisi les deux réalisateurs complices, elle est à la fois éclairante et désespérante : oui ! les classes sociales existent ; non ! on ne peut pas « réinsérer » les riches. Sur le modèle du magazine Vis ma vie de TF1, Sarah Saldmann, une chroniqueuse télévisée ultra-libérale, hors sol et caricaturale dans ses propos, va accepter de partager pendant une semaine la vie d’un bel échantillonnage de travailleurs de l’ombre. Ces brefs compagnonnages concernent parmi d’autres Amine chauffeur livreur lyonnais, Ked à la découpe de poissons, Louisa, auxiliaire de vie stéphanoise qui touche 1.000 euros par mois, Nathalie, femme de chambre longtemps éloignée de l’emploi après des maladies professionnelles, Elie agriculteur dans le Morvan, ou Haroon un cuisinier afghan ; autant de héros ordinaires et trop souvent privés de dignité auxquels sont données ici la parole et une visibilité. La force du témoignage de ces femmes et de ces hommes constitue une forme de cinéma-vérité car il est clair qu’eux au moins ne jouent pas, ils ont à coeur d’apporter un démenti à tous les discours méprisants sur les assistés, les fainéants et les profiteurs jusqu’à l’apothéose d’une scène finale chaleureuse et drôle qui singe la cérémonie cannoise. Il ne s’agit pas tant pour les auteurs de se moquer de l’attendrissement philanthropique momentané d’une nantie sur des miséreux, que de montrer, avec tendresse mais sans misérabilisme, une magnifique galerie de portraits réalistes et humanistes de travailleurs pauvres qui peut, au - delà du comique un peu facile inhérent au choix du scénario, laisser bouleversé le spectateur. Celui-ci comprend combien sont irréconciliables des classes sociales transformées de nos jours par l’hypercapitalisme mondial. Coup de coeur de l’association française des cinémas d’art et d’essai (AFCAE) et nouveau témoignage d’une belle amitié entre Perret et Ruffin, ce road-movie documentaire a eu un accueil exceptionnel dans toute la France, où il a été programmé dans plus de 140 salles après des semaines d’avant-premières.
Jean-Michel Zucker
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