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Réalisation et écriture : Andres Viel. Image : Toby Cornish. Son : Mathias Lempert. Montage : Stephan Krumbiegel, Olaf Voigtländer, Alfredo Castro. Musique originale : Freya Arde. Production : Vincent Productions, GmbH. Distribution : Beta Cinéma, ARP Sélection.
Documentaire
Réalisation : Andres VeielNé en 1959, ce cinéaste a reçu plus de 50 prix pour ses documentaires - Black Box RFA (2001), Die Spielwütigent (2004) -, ses films de fiction - Qui, à part nous ? (2011) primé à la Berlinale -, ses mises en scène théâtrales et travaux d’écriture. Beuys (2017), son film sur l’artiste allemand controversé Joseph Beuys a été présenté en compétition à Berlin.
Résumé :
Elle a été actrice, monteuse, réalisatrice. Elle a créé des images iconiques. Elle a été proche du régime nazi. Qui était-elle ? Une opportuniste ? Une manipulatrice ? Une visionnaire ? Ses archives personnelles, accessibles pour la première fois, la révèlent enfin, dans toute sa complexité, son ambiguïté.
Analyse :
Leni Riefenstahl est l’une des personnalités artistiques les plus troubles du 20e siècle. D’abord danseuse et actrice, avant de passer à la réalisation avec La Lumière bleue (1932), elle fut l’égérie cinématographique du nazisme. Ce film n’explore pas moins de 700 caisses d’archives jalousement gardées par Horst Kettner, de 40 ans plus jeune qu’elle et son compagnon de 1968 à sa mort en 2003, à l’âge de 101 ans. Elles rassemblent textes, enregistrements audio et conversations téléphoniques, et documents - 150.000 photos et films personnels. Ce montage d’extraits de films de Leni ou avec elle, d’interviews des années 1970 et d’archives filmiques personnelles permet au réalisateur de composer ce portrait fascinant, complexe et démystificateur en laissant le spectateur apprécier contradictions, incohérences, ou mensonges. Chaque déclaration de Leni se trouve contredite dans le montage par le surgissement d’une nouvelle preuve accablante : une lettre enflammée adressée à Hitler, une photo d’eux deux riant main dans la main, et la séquence étonnante où, à 90 ans passés, Leni s’émerveille devant ses propres images des défilés nazis.
Apparait ainsi à l’écran une femme narcissique, imbue d’elle-même, imperméable à tout sentiment de culpabilité ; et une ambitieuse manipulatrice, davantage que la victime pour laquelle elle veut se faire passer quand elle est confrontée à ses choix de vie. De fait si elle ne cache pas que Hitler, qui avait vu tous ses films et à qui Goebbels l’avait présentée, la fascinait, elle niera dès la fin de la guerre et jusqu’à sa mort, n’ayant jamais pris sa carte au parti nazi , être au service d’une idéologie meurtrière. « Je ne voyais que le bon côté du nazisme » prétend-elle. Uniquement attachée à son art, elle déclare n’avoir voulu ‘filmer que le beau’ - des corps virils sains et athlétiques, l’exploit, le dépassement de soi. En témoignent, talentueux dans l’art du cadre et de la lumière, ses films de propagande les plus célèbres qui esthétisent un événement politique ou sportif - Le Triomphe de la volonté (1935), tourné pendant le congrès du parti nazi à Nuremberg et Les Dieux du stade (1938) sur les jeux Olympiques de Berlin. Il reste que l’ambigüité du personnage et ses emportements non contrôlés hors antenne, -‘Ne filmez pas ça !’-, dans des interviews télévisées confirment sa duplicité.
Jean-Michel Zucker
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