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Fiche technique :
Réalisation : Pedro Almodovar – Scénario : Pedro Almodovar d’après le roman américain de Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ? (2020) – Photographie : Edouard Grau- Montage : Teresa Font – Musique : Alberto Iglésias – Décors : Kendall Anderson -Costumes : Bina Daigeler – Production : El Deseo, Agustin Almodovar – Distribution : Pathé Films.

Avec :
Tilda Swinton (Marthe et Michelle, sa fille), Julianne Moore (Ingrid), John Turturro (Damien Cunningham), Alessandro Nivola (inspecteur Flannery).

La chambre d'à coté (The Room Next Door)

Espagne, 2025, 106min.

Réalisation : Pedro Almodovar

Biographie : P. Almodovar, né en 1949, est un réalisateur espagnol, multirécompensé (Mostra de Venise, Cannes, Bafta Awards, Oscars, Golden Globes). Il fut un temps orienté par la prêtrise. Adolescent, il découvre Luis Bunuel, crée un groupe de musique. Premier long métrage pendant la Movida : Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980). Après plus d’une vingtaine de films, réalisés avec toujours la même équipe dont Carmen Maura, Marisa Paredes, Rossy de Palma, Victoria Abril, Pénélope Cruz,Antonio Banderas et Javier Bardem. La chambre d’à côté a reçu le Lion d’or à Venise et le Prix Donastia à Saint-Sébastien en 2024.

Résumé :

Deux amies, Ingrid, écrivaine, et Martha, correspondante de guerre, se retrouvent à New York après des années de séparation, Martha étant hospitalisée pour un cancer en phase terminale. Ayant décidé de mettre fin à ses jours par absorption d’une pilule achetée sur le darknet, elle demande à Ingrid de l’accompagner dans son projet de suicide dans une villa en pleine nature. Ingrid accepte.

Analyse :

Dans cette comédie dramatique, Pedro Almodovar en défenseur de l’euthanasie, aborde les thèmes de la maladie, de la mort et du deuil, déjà présents dans ses œuvres précédentes. Son talent lui permet d’écarter tout pathos et d’introduire dans le même temps d’autres thèmes qui évoquent les problèmes, les plaisirs et le bonheur de la vie : l’amitié (en particulier entre femmes), la maternité monoparentale, les effets de la guerre, le sexe comme remède à la mort, l’importance de l’art.

Ingrid et Martha, de caractères très différents, commencent par rattraper ce que leur longue séparation leur a fait perdre d’intimité ; elles échangent leurs souvenirs mais seule Martha raconte son histoire (quatre flashbacks). Face à Ingrid inquiète au sujet de la mort, Martha souhaite la choisir et la maîtriser. Leur complicité retrouvée, une bascule s’opère lorsque Martha demande à Ingrid de rester près d’elle dans cette maison où elle veut mettre fin sereinement à ses jours. Dès lors, à travers cette épreuve, Ingrid aura le rôle principal dans le couple d’amies et deviendra celle qui va transmettre la vie et sans doute améliorer celle de la fille de Martha, Michelle. Elle va en effet présenter à la jeune femme une autre image de sa mère, tout en l’aidant à vaincre en partie l’absence de son père. Le jeu subtil et sensible de Tilda Swinton et de Julianne Moore est remarquable tant elles parviennent à traduire, en dépit de leurs physiques et caractères opposés, la mystérieuse alchimie d’une amitié intellectuelle fusionnelle. Leur évolution est soutenue et amplifiée par des dialogues intenses, de magnifiques gros plans sur leurs visages, des costumes savamment colorés et des prises de vue somptueuses. Le film regorge de références picturales et les couleurs vives éclatent à chaque plan, rouge, vert et jaune, loin des teintes habituelles du deuil. Des profusions de fleurs, fruits, livres et objets du quotidien font penser au répertoire des vanités classiques, comme d’autre scènes renvoient à des tableaux de Hopper ou de Hockney. Parmi les références littéraires : Faulkner, Hemingway, Martha Gellhorn, Roger Lewis, Lytton Strachey et James Joyce (dont une belle citation conclut le film). Côté cinéma : Buster Keaton et John Huston (The Dead). La musique est très importante, adaptée aux dialogues et à la force des sentiments ; elle laisse place à la fin au chant des oiseaux. En dépit de passages sans intérêt sur des sujets écologiques et politiques, Pedro Almodovar apparaît au sommet de son art, toujours prêt à se renouveler, comme ici en tournant en anglais, sans rien perdre de sa personnalité et même en gagnant en intensité. Un film trèsréussi, beau et intelligent. Attendons le prochain opus.

Yvon Tallec

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