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Avec :
Vincent Lindon (Pierre), Benjamin Voisin (Fus) Stefan Crepon (Louis).
Delphine et Muriel Coulin sont deux sœurs, réalisatrices et scénaristes françaises. Muriel a toujours voulu faire du cinéma et est diplômée de l’Ecole Louis Lumière. Delphine a suivi des études de lettres et de sciences politiques tout en exerçant le métier d’écrivaine. En 1995 elles commencent à réaliser des courts métrages ensemble. En 2011 elles réalisent leur premier long, 17 filles, qui reçoit le prix du Meilleur film français au festival de Deauville, et en 2015, Voir du pays. Jouer avec le feu est leur troisième long-métrage.
Résumé :
Pierre, un cheminot veuf, élève seul ses deux fils, Fus et Louis. Louis, le cadet, est sans problèmes. Par contre, l’aîné, Fus, part à la dérive. Il se rapproche des groupes d’extrême-droite, créant l’inquiétude chez son père envahi par l’incompréhension et le sentiment d’impuissance.
Analyse :
Chronique de société ou drame familial ? Il n’y aura pas cette fois l’automatique « Les deux mon capitaine », car les soeurs Coulin ont résolument choisi de braquer leur caméra sur les ravages produits dans une famille prolétaire de la Moselle par l’influence de groupes d’extrême-droite plutôt que sur la constitution, le fonctionnement et la stratégie de ces groupes eux-mêmes. Le contexte ? Tout se passe dans un face à face entre un père, Pierre, veuf, mécanicien à la SNCF, et ses deux fils Fus et Louis, vivant ensemble dans un pavillon de Metz. Louis, le cadet, fait la fierté de son père, bon élève, il est sur le point de partir poursuivre ses études à la Sorbonne. Fus, l’aîné, c’est le vilain petit canard qui préfère le foot et qui, côté études, bricole dans un IUT de métallurgie. Il en ratera même le diplôme à force de se laisser attirer comme un fer trop doux par le puissant aimant corrupteur de l’extrême droite. Et ceci pour la plus grande colère de son père, cheminot aux idées progressistes et ancien syndicaliste. Ajoutons qu’ils sont tous les trois unis comme les doigts d’un poing fermé.
Voilà le tableau, voilà le trio, bloc que le coin politico/idéologique introduit depuis l’extérieur va exploser. De celui-là, on verra peu de choses, juste ce qu’il faut pour alerter le père, Pierre, qui sera toujours, lui, le centre de gravité d’une histoire qu’on ne verra qu’à travers ses yeux. Car ce n’est pas un film sur la puissance corrosive de l’extrême-droite, c’est un film sur la paternité inquiète et dépassée. C’est un film où s’exprime pleinement Vincent Lindon, justement couronné par la Mostra de Venise.
La paternité sied à Vincent Lindon. Personne ne sait mieux que lui passer de l’émotion tiède qui mouille le coin de l’œil à la colère froide qui glace le regard. Entre les deux, il manifeste un aveuglement de père trop confiant en la solidité de son fils pour croire à l’impact réel de ses rencontres furtives avec des jeunes au crâne rasé sous la capuche, de sa présence à des combats clandestins de MMA (arts martiaux où tous les coups sont permis) dans une usine désaffectée, ou de sa participation à des frénétiques soirées punk. Et quand le drame, attendu par le spectateur, est arrivé, qu’il est amené à témoigner en fin de film, c’est en immense acteur qu’il dit avec une bouleversante simplicité tragique : « Je n’ai rien vu ».
Jean Lods
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