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Avec :
Davi Kopenawa. Justino Yanomami. Raimundo Yanomami. Dinarte Yanomami. Guiomar Kopenawa. Roseane Yariana. Communauté Watoriki.
Il a réalisé de nombreux courts et long métrages souvent primés mêlant documentaire et fiction: Rocha Que Voa (2002) a été sélectionné à Locarno; Cinema novo (2016) a reçu l’Oeil d’Or à Cannes. Elle est à la fois metteuse en scène, performeuse, actrice et militante pour l’art environnemental, active depuis plus de 10 ans en Amazonie.
Résumé :
Les Yanomami, tribu indigène de l'Amazonie brésilienne, luttent pour préserver leur territoire et leur mode de vie ancestral face à la menace du "peuple de la marchandise". A travers le discours puissant de Davi Kopenawa, chaman et porte-parole de sa communauté, le film offre une immersion profonde dans leur cosmologie et se fait l’écho d’un appel à la sauvegarde de la forêt et à la redéfinition de notre rapport à la nature.
Analyse :
Ce film est librement inspiré du livre éponyme d’un chaman yanomami et d’un anthropologue français qui ont collaboré pendant 30 ans. Les réalisateurs ont entretenu avec eux une relation féconde au cours des 7 dernières années, ce qui leur a permis de tourner en équipe mixte très réduite pour permettre une vraie rencontre entre les autochtones, les Yanomami, et les blancs non indigènes, les Napë, qu’ils souhaitent confronter aux enjeux humanitaires, environnementaux et climatiques actuels. Ils ont ainsi voulu se faire l’écho de la plainte de ce peuple, dont les chamans soutiennent le ciel et qui prédit que celui-ci s’effondrera quand il n’en restera plus un seul et que tout ce qui fait leur vie aura disparu. Les Yanomami de l’Amazonie brésilienne, plus précisément ici la communauté Watoriki, représentent environ 30.000 personnes. Leur conception du monde fait place aux esprits, aux chamans, et à une cosmologie très personnelle. Leur alimentation est frugale, basée sur les bananes et le manioc, leur habitat et leurs vêtements sont simples. Les familles sont nombreuses et leur vie collective est rythmée, marquée par des fêtes splendides, tandis que des rites funéraires d’incinération sont observés après leur mort. Mais leur mode de vie ancestral est menacé par les Napë qui ne pensent qu’à l’argent, sont hostiles à leurs croyances, propagent des maladies comme la malaria, mortelles pour beaucoup d’enfants très jeunes, tandis que la forêt amazonienne est détruite par les orpailleurs et les mineurs à la recherche de métaux rares. En montrant la beauté, le courage et la vitalité des Yanomami, et en nous faisant prendre conscience du regard qu’ils posent sur nous pour nous confronter à notre propre reflet, le documentaire, nourri d’un dialogue cinématographique avec les images de La nature du grand cinéaste arménien Artavazd Péléchian, nous engage aussi à rêver davantage, à l’image de ce peuple qui s’évade volontiers dans le rêve en inhalant une plante psychotrope grâce à un long tuyau végétal. Projeté à La quinzaine des cinéastes à Cannes en première mondiale, ce film fascinant et à la fois géopolitique, écologique, et ethnographique, nous fait partager une véritable expérience esthétique et métaphysique.
Jean-Michel Zucker
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