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Avec :
Matthias Mlekuz (son propre rôle), Philippe Rabot (l’ami).
Mathias Mlekuz est né en 1966. D’origine slovène, il grandit dans le Pas de Calais. D’abord comédien, il interprète de nombreux classiques au théâtre (Tchekhov, Goldoni, etc.) avant de se lancer dans une longue carrière au cinéma. La Conquête de Xavier Durringer est l’un de ses films les plus notables. Il s’illustre également dans de nombreuses séries télévisées, Nicolas Le Floch, par exemple. Déjà scénariste, il devient, en 2020, réalisateur de son premier film Mine de rien puis d’A bicyclette en 2024
Résumé :
La disparition tragique de son fils, Youri, inspire à Mathias l’idée de refaire, cinq ans après, le road-trip à bicyclette que celui-ci avait entrepris de La Rochelle à Istanbul. Il y embarque son ami de vingt ans, Philippe. Le spectateur les accompagne dans leur périple, entre pèlerinage et hommage, qui les amène à revisiter certaines étapes du voyage accompli par le fils disparu.
Analyse :
Un joli road-movie basé sur une histoire authentique qui réussit à traiter un thème douloureux avec légèreté et humour mais non sans profondeur. Ce pèlerinage autour du fils disparu, ponctuant des moments de pure tristesse ou d’échanges intimes avec des épisodes cocasses comme la rencontre d’une loueuse de B & B légèrement obsessionnelle ou d’un masseur de bain turc animé d’un zèle vigoureux, convie le spectateur à un voyage à la fois drôle et méditatif. D’un côté, une vie libre dans la nature, des rencontres pittoresques ; de l’autre une plongée dans la vie intérieure des deux personnages qui se racontent sans fard, confiant l’un à l’autre leurs douleurs et leurs peurs, faisant l’aveu de leurs fragilités et se posant des questions universelles sur le sens de la vie et de la mort tout en admettant, dans un début de réponse qui résonne comme un début de sagesse, que certaines ne trouveront pas de réponse. « Il manque un morceau du puzzle », nous dit Philippe faisant allusion à la fin tragique de Youri dévoilée seulement aux trois quarts du film mais aussi, sans doute à nos propres interrogations humaines sur le mystère que représente la fin de la vie. Deux portraits, rares au cinéma, d’hommes qui nous racontent une histoire d’amitié qui n’est pas seulement « virile » mais plutôt un échange d’expériences intimes et un soutien réciproque. Car si l’un cherche l’apaisement, l’autre va réaliser qu’il se comporte, pour la première fois peut-être, comme un ami véritable. Comme le constate Mathias pour lui-même, il se sent meilleur depuis ce deuil : « Le cœur s’est ouvert » nous dit-il. L’interprétation est éblouissante de naturel et pallie l’impression un peu « fabriquée » que donne parfois le mélange d’expérience vécue et de fiction. A noter la musique, qui souligne avec discrétion et grand talent les tours de roues et les humeurs changeantes des personnages.
Catherine Joseph
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