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Avec :
Marianne Jean-Baptiste (Pansy). David Webber (Curtley). Michèle Austin (Chantal). Tuwaine Barrett (Moses). Sophia Brown (Aleisha). Ani Nelson (Kayla).
Il est d’abord metteur en scène de théâtre, puis réalise son premier film en 1971, Bleak moments, Léopard d’or à Locarno. Après son retour au théâtre et de nombreux téléfilms, ce seront à partir de 1988, une douzaine de longs métrages, presque tous dans le registre du cinéma social britannique indépendant, primés dans les 4 grands festivals européens, Palme d’or à Cannes en 1996 avec Secrets et Mensonges.
Résumé :
Pansy est rongée par la douleur physique et mentale et son rapport au monde ne passe que par la colère et la confrontation. Son mari Curtley ne sait plus comment la gérer, tandis que son fils Moses vit dans son propre monde. Seule sa sœur, Chantal, la comprend et peut l’aider.
Analyse :
Le titre original de ce film au scénario d’une grande simplicité, Hard Truths, signifie ‘dures vérités’. De fait si Pansy et Chantelle sont sœurs, tout dans leur personnalité les oppose. Pansy se fâche tout le temps, avec tout le monde, et tout particulièrement avec son mari Curtley, quasi mutique, et leur fils Moses, autiste obèse. Chantelle est bien différente : dans son salon de coiffure, elle est la confidente bienveillante et amusée de ses clientes, et entretient une relation complice avec ses deux filles. Pour Pansy comme pour Chantelle la fête des mères, qui va les réunir, est le point de bascule d’une histoire qui illustre la difficulté de vivre et bouleversera l’équilibre familial. Comédie et drame à la fois, à la manière de Tchékhov auquel fait référence lui-même le réalisateur, cette dualité est le reflet de la réalité même de la vie qui se retrouve dans tous les films de Mike Leigh. Dans la première partie, à l’occasion de quelques scènes très drôles, le public rit de bon coeur, tout en finissant par se douter que la rage de Pansy, et ses excès de langage qui n’épargnent personne, traduisent une souffrance existentielle qu’éclairera partiellement la 2ème partie plus tragique. Celle-ci commence avec le cheminement des deux soeurs à travers un avenant cimetière anglais vers la tombe de leur mère ; tandis que Pansy, la soeur colère, venue à reculons, donne à entendre le traumatisme qu’elle a vécu lorsqu’elle a découvert morte dans son lit une mère avec laquelle elle ne s’entendait pas. Comme toujours dans ses films, l’auteur obtient cette richesse des émotions et des échanges de ses personnages en les co-construisant avec ses acteurs au cours d’une étroite collaboration. Sa mise en scène naturaliste, appuyée sur de longs plans et de fréquents gros plans, lui permet une approche quasi documentaire de la profondeur des sentiments, servie par la justesse de la performance de tous les protagonistes, parmi lesquels se distingue l’extraordinaire Marianne Jean-Baptiste, dont la dernière apparition énigmatique oblige le spectateur à imaginer l’avenir.
Jean-Michel Zucker
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