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Fiche technique :
Réalisation : Jafar Panahi – Scénario : Jafar Panahi – Photographie : Amin Jafari – Montage : Amir Etminan - Effets visuels : Kevin Van Der Meiren - Décors : Leila Naghdi Pari - Production : Jafar Panahi, Philippe Martin, Christel Henon, Sandrine Dumas - Société de distribution (France) : Memento distribution – Pays de production : Iran, Luxembourg, France – Langue originale : persan.

Avec :
Vahid Mobasseri (Vahid, le garagiste), Ebrahim Azizi (Eghbal, le tortionnaire présumé), Mariam Afshari (Shiva, la photographe), Hadis Pakbaten (Golrokh), Mohamad Ali Elyasmehr (Hamid), Georges Hashemzadeh (Salar, le libraire).

Un simple accident

Iran, France, Luxembourg, 2025, 105min.

Réalisation : Jafar Panahi

Biographie :

Jafar Panahi, cinéaste iranien né en 1960, a étudié la réalisation à l’université de cinéma et télévision de Téhéran et a été l’assistant d'Abbas Kiarostami (Au travers des oliviers, 1994). Réalisateur de 12 films, ce cinéaste multi-primé (Le cercle, Lion d’or à la Mostra de Venise, 2000 – Taxi Téhéran, Ours d’or à la Berlinale, 2015 - Un simple accident, Parme d'or à Cannes, 2025) a été condamné en 2010 par la justice iranienne à 6 ans de prison ferme pour propagande contre le régime, placé en liberté conditionnelle puis de nouveau arrêté le 11 juillet 2022, et finalement libéré 3 février 2023, après une grève de la faim et de la soif. Ses œuvres sont interdites dans son pays mais des copies DVD circulent au marché noir.

Résumé :

Iran, de nos jours. Un homme croise par hasard un père de famille, qu’il croit reconnaître, au son de sa jambe artificielle, comme son ancien tortionnaire. Malgré ses dénégations farouches, il l’enlève et pour ne pas se tromper il réunit d’anciennes victimes qui ont également subi des sévices en prison. Dans un road-trip improbable, une photographe, la jeune mariée photographiée encore en tenue de mariage et son ex compagnon sont appelés à se prononcer. Leur témoignage est parfois flottant, et le doute s’installe.

Analyse :

La trame du film est assez simple et comme dans une pièce de Brecht un dilemme moral est posé : doit-on ou non se venger de quelqu’un dont on a souffert les supplices ? Ici le contexte – la répression impitoyable dont font l’objet les opposants au régime dans l’Iran actuel – rend la question particulièrement sensible. Le film explore les différentes réponses qui peuvent être apportées : du simple désir de vengeance sans état d’âme à la volonté de ne pas commettre d’erreur, en passant par différents stades d’indécision. Les personnages du film personnifient ces attitudes et les réponses qui peuvent être données. Du garagiste qui croit reconnaître son tortionnaire au libraire qui conseille d’oublier, de la jeune mariée en séance de photos avec son mari d’abord incertaine puis résolue, du jeune homme ivre de vengeance à la photographe ayant retrouvé une activité professionnelle, les victimes des tortures qui ont réussi, plus ou moins bien, à refaire leur vie vont être confrontés à la question de la vengeance.

Mais loin d’en faire une aride démonstration, le cinéaste réussit un « thriller humaniste, haletant et passionnant » (Christophe Brangé, site Abus de ciné). En effet la reconnaissance fortuite du présumé tortionnaire donne lieu à une sorte de comédie burlesque qui traite un sujet dramatique avec une drôlerie digne de Mack Sennett. Tous les éléments classiques y figurent : accident aux conséquences imprévues, enlèvement, enfermement dans une caisse puis transport en camionnette, irruption dans une séance de photos d’après mariage, tergiversations parfois violentes des protagonistes ; Jafar Panahi habille le propos dramatique de l’histoire par l’humour, qui n’empêche pas une réflexion oh combien sérieuse sur la culpabilité et la vengeance, sur ce qui distingue les bourreaux des victimes. Une séquence presque à la fin du film est de ce point de vue aussi inattendue que réconfortante : les vengeurs présumés accompagnent dans une clinique l’épouse sur le point d’accoucher de celui qu’ils accusent.

Contrairement à ses autres films, Jafar Panahi raconte une histoire où il ne figure pas, ce qui n’empêche pas qu’elle trouve ses racines dans sa propre expérience des prisons iraniennes. Ce qui lui permet de dire : « Ce n’est pas moi qui ai fait ce film, c’est la République islamique ». Le film se termine d’ailleurs sur une interrogation : les victimes d’exactions peuvent elles oublier ou seront-elles toujours hantées par ce qu’elles ont subi ?

Philippe Raccah

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