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Avec :
Jacques Gamblin (Devaivre), Denis Podalydès (Aurenche), Charlotte Kady (Suzanne Raymond), Marie Desgranges (Simone Devaivre), Maria Pitarresi (Reine Sorignal), Marie Gillain (Olga), Ged Marlon (Le Chanois), Philippe Morier-Genoud (Tourneur), Laurent Schilling (Spaak), Christian Berkel (Greven), Richard Sammel (Pottier), Olivier Gourmet (Richebé)
Bertrand Tavernier (1941-2021), lyonnais convaincu, fut un cinéphile et cinéaste français de premier plan (Voyages à travers le cinéma français, film en 2016 puis télévision en 2017). D'abord critique de cinéma (Positif, Cahiers du cinéma...) et attaché de presse, il se passionna pour le cinéma américain (30 ans de cinéma américain, 1970 ; puis 50 ans..., 1991 ; Amis américains, 1993, fabuleuse récolte d'entretiens mise à jour en 2008). Son premier long métrage (l'Horloger de Saint-Paul, 1974, primé à Berlin) fut suivi d'un trentaine de films, en costumes, de guerre, policiers, documentaires,etc. qui reflètent son amour du cinéma et son humanisme – tout comme Laissez-passer.
Résumé :
1942-1943, dans Paris occupé, la firme allemande Continental est presque le seul moyen de pouvoir réaliser du cinéma. Le scénariste Jean Aurenche et l'assistant-réalisateur Jean Devaivre gèrent, chacun de son côté et à sa façon, la difficulté de pouvoir exercer leur métier et en vivre, sans basculer dans la collaboration, voire en militant dans la résistance.
Analyse :
Le film s'ouvre sur une séquence comique (Aurenche client-roi d'un hôtel de passe où Suzanne le rejoint incognito), et bascule dans le vacarme effrayant d'un bombardement nocturne (Devaivre au secours de son bébé menacé par l'incendie). Ainsi se succéderont les phases Devaivre ou Aurenche, lesquels se croisent parfois sans jamais entrer en relation, tandis que le contexte et le récit dramatiques sont allégés par de fréquentes touches d'humour: comme dans l'épisode (longuet et peu utile) où Devaivre entre en contact avec les Britanniques supposés aider la Résistance. Particulièrement bienvenue, une longue parenthèse de paysages paisibles et de courage amoureux pendant laquelle Devaivre traverse à vélo la moitié de la France pour rejoindre brièvement son épouse réfugiée chez une parente.
L'atmosphère de l'Occupation est rendue dans ses multiples dimensions – pénuries, froid, files d'attente vers des boutiques dépourvues, contrôles fréquents, arbitraire, violences – la traque des juifs y étant très présente ; mais aussi la débrouille (les techniciens du cinéma à la pêche dans la Seine), les trocs, le marché noir, les profiteurs (le bureau d'acajou de Richebé), sans oublier les infâmes qui, sous le parapluie de l'occupant, se vautrent dans le mépris, la violence et la malfaisance. Quant à la Résistance, personnifiée surtout par Devaivre – le personnage historique fut multi-médaillé – son caractère d'improvisation et d'amateurisme en accroît encore l'héroïsme.
Autre aspect passionnant de ce film, son évocation du milieu du cinéma d'alors – outre les deux protagonistes, de nombreux personnages sont mis en scène (Le Channois, Spaak, Bost, Maurice Tourneur...) ainsi que, à travers des extraits réels ou reconstitués de films ou tournages d'époque, des monstres sacrés comme Marguerite Moreno, Michel Simon, Pierre Fresnay... Le producteur Greven, Allemand francophile directeur de la Continental, s'applique à faire faire un cinéma 'inoffensif' à de bons cinéastes, quitte à énerver son patron Goebbels ; et curieusement, Clouzot, éminente figure de la Continental, qui sera blanchi après de sérieux ennuis à la Libération, n'apparaît jamais à l'écran, bien qu'il soit souvent question de lui.
Jacques Vercueil
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