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Réalisation :Scénario : Elisabeth Perceval d’après le livre de François Emmanuel. Réalisation : Nicolas Klotz. Image : Josée Deshaies. Montage : Rose-Marie Lansson. Musique originale : Syd Matters, Los Chicros. Prod. : Sophie Dulac Productions. DIst. : Dulac Distribution
Réalisateur de La nuit Bengali en 1988 (film rendant avec force l’envoûtement de l’Inde des années 30) et de La Nuit sacrée en 1993, Nicolas Klotz s’est par la suite fait remarquer par deux premiers films d’une trilogie consacrée au monde actuel : Le Paria (2000) donnait la parole aux SDF, tandis que La Blessure (2003) plongeait dans l’univers des sans-papiers tout juste arrivés en France. La Question humaine est le troisième film de cette trilogie.
Résumé :
Psychologue dans le service des « Ressources humaines » d’une entreprise franco-allemande, et particulièrement apprécié pour son efficacité lors d’une récente opération de compression de personnel, Simon est chargé d’une mission par un directeur, Karl Rose : il doit effectuer une enquête sur l’état de santé mentale du Directeur général, Mathias Jüst. L’enquête révèle d’abord le lien de ces deux directeurs avec l’histoire nazie. Puis, d’étranges courriers anonymes sont envoyés. Ils établissent une troublante similitude sémantique entre, d’une part, les termes utilisés par Simon dans son dossier de restructuration et, d’autre part, ceux de rapports techniques du III° Reich décrivant le processus de transport et d’extermination des juifs dans les camions des SS.
Analyse :
Ce film fait débat. Tant pour sa thèse apparente que pour sa forme, complexe, opaque, touffue, quittant fréquemment la rassurante lumière de la réalité pour convoquer les ombres de l’étrange et de l’irrationnel. En raison de l’une comme de l’autre, il constitue la découverte cinématographique la plus originale, la plus dérangeante et la plus fascinante de cette rentrée 2007.
Alors, national-socialisme et libéralisme, même combat ? Non. Le film de Nicolas Klotz n’est pas un film à thèse concoctant un amalgame simpliste, c’est un film hanté. Hanté par les fantômes de l’Histoire. Ou de l’inconscient, ce qui est tout un. Il tient de l’avertissement, de la piqûre de rappel, et du cauchemar. De l’avertissement, dans sa façon de souligner que nos pratiques actuelles s’inscrivent dans une continuité historique, et que « le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde ». De la piqûre de rappel, par cette plongée progressive dans l’histoire encore proche et par cette longue litanie finale de noms prononcés sur fond d’écran noir. Du cauchemar enfin, avec ces zombies d’hier squattant les complets/cravate des cadres d’aujourd’hui, avec cette entreprise franco-allemande aux cheminées sinistrement couronnées de fumées et s’appelant SC Farb, (l’IG Farben produisait le gaz destiné aux camps d’extermination), avec la lente dérive de l’esprit ébranlé de Simon, dérive entraînant tout le film avec lui dans le Nuit et brouillard de sa conclusion.
Jean Lods
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