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Née en 1965 à Téhéran, elle photographie de nombreuses manifestations et est arrêtée à l’âge de 16 ans et emprisonnée pendant 8 mois, puis s’exile en France. Après un Prix FIPRESCI au festival de Bombay , elle réalise une dizaine de films dont Téhéran sans autorisation (2009) avec un téléphone portable, et La Sirène (2022) sur la guerre Iran-Irak.
Résumé :
D'avril 2024 à avril 2025, la correspondance vidéo de la réalisatrice avec Fatem, une jeune photojournaliste de 25 ans qui documente la vie dans le nord de Gaza sous le siège militaire imposé par Israël.
Analyse :
Ce film sélectionné à Cannes dans la section ACID est une réaction de la réalisatrice au génocide en cours en Palestine. Il est né de son questionnement - Comment survit-on à Gaza, sous blocus depuis tant d’années ? - et de l’urgence de son désir de faire entendre la voix des Palestiniens, absente des médias. Empêchée d’accéder elle-même au terrain, elle opte pour un film à distance et enregistre ses appels vidéo avec Fatem, en contrepoint parfois avec les informations télévisées de son ordinateur, pour juxtaposer le réel de la vie dans Gaza et sa transmission par les chaînes d’infos. Ces échanges visiophoniques durant 200 jours d’avril à novembre 2024, avec une personnalité extraordinaire dont le regard et le sourire lumineux irradient de bout en bout les images, deviennent par la grâce du montage, qui fait toujours de la parole de Fatem l’élément central du film, un témoignage bouleversant où coexistent espoir et désespoir, rires et larmes. Fatem parle beaucoup à Farsi de la violence vécue par les gazaouis, qu’elle lui fait voir, - les immeubles éventrés, les rues dévastées, les adultes et les enfants errants -, et cependant aussi, malgré les bombes, malgré la destruction de familles entières et le deuil quotidien, de la vitalité des enfants et de la solidarité des personnes. Elle lui parle aussi de ses proches et d’elle-même qui fait partiellement vivre sa famille grâce à la vente de ses photos, qui écrit des poèmes aussi et chante, et qui, dans une école transformée en abri, organise, pour parler de leurs traumas, des ateliers d’écriture avec des enfants. Si la violence est partout, ses manifestations spectaculaires restent le plus souvent hors champ, mais la bande son du film - avec notamment un bombardement enregistré sur un écran noir - rend compte de l’invasion sonore permanente que subissent les civils en Palestine. Fatem, elle, refuse de subir, elle sait que, devenue « banale », la mort, qui ne lui fait pas peur, la guette à chaque instant, mais l’impressionnante ténacité qu’elle met à vivre, à témoigner par ses photos et à clamer son désir, au sein même de son enfermement à Gaza, d’explorer le monde après la fin de la guerre est exaltée par le dispositif minimaliste du film. Cette miraculeuse force de vie a été fauchée avec toute sa famille le 16 avril 2025, au lendemain de son dernier échange avec Farsi, par une bombe israélienne qui l’aura empêché d’assister à la projection du film à Cannes.
Jean-Michel Zucker
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