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Avec :
Emmanuelle Riva (Elle) - Eiji Okada (Lui).
Alain Resnais (1922-2014) est un réalisateur, scénariste et monteur français. A la fin des années 40, il réalise des courts et moyens métrages dont Nuit et Brouillard, sur les camps de concentration. Il est considéré comme l'un des grands représentants du Nouveau cinéma. Auteur de nombreux courts et moyens métrages et d’une vingtaine de longs métrages il a reçu plusieurs récompenses aux Césars et dans les festivals internationaux. Hiroshima mon amour a obtenu le Prix FIPRESCI au festival de Cannes 1959 et a été restauré, repris et diffusé à Cannes classique en 2013.
Résumé :
Hiroshima, été 1957. Venue tourner un film sur la paix, une jeune actrice française, à la veille de son retour chez elle, vit une aventure avec un architecte japonais. Ils font l'amour, discutent, se confient. Il lui parle de sa vie. Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et du drame de son existence.
Analyse :
Hiroshima mon amour a été le premier long métrage d’Alain Resnais, alors âgé de 37 ans. Parti d’un projet de documentaire sur la tragédie du 6 août 1945, il a préféré réaliser un film de fiction avec la collaboration de Marguerite Duras, fleuron de la nouvelle littérature française, qui écrira le scénario. L'écrivaine y a apporté son phrasé inimitable, son langage sublime, poétique et musical, son style vif, ressassant, sa parole incantatoire. De cette collaboration est né un film très novateur qui n’a jamais eu de précédent dans l’histoire du cinéma. Le film débute sur l’image de deux corps nus enlacés, couverts de cendres, comme pétrifiés par la pluie atomique qui rappelle les photos des suppliciés de la bombe. Une scène d’amour très pudique d’où émergent dans la pénombre un dos d’homme caressé par les mains d’une femme, des bras qui enlacent, l’aperçu furtif d’un visage, images quasi abstraites. Pendant le premier quart d’heure, la femme raconte comment elle a vécu Hiroshima, où elle est allée, ce qu’elle a vu, les souvenirs de la ville. Les images d’archives se mêlent aux images de fiction tandis que son amant déclame à plusieurs reprises « Non, tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien ». Répétition qui veut dire l’indicible, le faible pouvoir des mots face à cette horreur incommensurable. Mais la mémoire est nécessaire à l’oubli, comme la parole, dire pour ne pas mourir. Oubli qui est la condition nécessaire du bonheur pour se libérer du passé et avancer, comme le suggère Nietzsche. « Tu me tues Tu me fais du bien », tu me libères de mon passé douloureux. Dans ce contexte de ville sacrifiée, la jeune femme raconte, pour la première fois, à son amant japonais, son amour fou de 18 ans, à Nevers, pour un soldat allemand pendant la guerre, sa mort qu’elle a accompagnée, la haine déchaînée d’une foule qui la tond, la honte de ses parents qui l’enferment des mois durant dans une cave. Pour la première fois elle se libère de ce douloureux traumatisme, « tu me tues tu me fais du bien ».
Hiroshima mon amour est également un magnifique film sur l’amour. Un amour coupable, vibrant, incandescent, absolu, que ces deux amants vivent d’autant plus pleinement qu’il n’y aura pas de lendemain. L’amour comme une brûlure, celle de l’histoire d’une ville, celle de la jeunesse d’une fille de 18 ans. Film-poème, film-cantate, éblouissant, bouleversant, inoubliable.
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