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François Ozon © Jean-Claude Moireau
On ne présente plus François Ozon. Relevons ici seulement qu’il a reçu une éducation catholique.
Melvil Poupaud © Jean-Claude Moireau
Avant d’y aller, on pense « encore un film sur la pédophilie » - mais on est vite happé par l’histoire. François Ozon retrace ici celle de l’association « La parole libérée » qui a mené à l’inculpation du cardinal Barbarin. Il s’inspire des faits réels et beaucoup de dialogues, notamment des autorités ecclésiastiques, reprennent les verbatim officiels. La structure est celle d’une course de relai : on suit un premier personnage, puis celui-ci rencontre le second et ainsi de suite.
Dans la conférence de presse, François Ozon dit avoir voulu au départ faire un film sur la fragilité masculine. D’habitude les hommes sont montrés forts et la fragilité est prêtée aux figures féminines. Et c’est en travaillant sur cette idée qu’est intervenue le scandale autour du prêtre Preynat. Il a alors rencontré plusieurs victimes (tiens, pourquoi le mot ‘victime’ est-il féminin en français ? et l’égalité homme-femme alors ?), étudié leurs témoignages sur le site de l’association et lu les différents rapports. Le résultat ne peut laisser personne indemne.
Comment se fait-il que tout le monde se soit tu ? Les victimes par honte, par difficulté à mettre des mots sur leur souffrance, les clercs par soin de protéger l’institution évidemment, mais les parents ? Encore 30 ans après certains accusent leurs fils devenus adultes qu’ils ne font que remuer la m…
Autre question : comment le premier témoin, celui qui révèle toute l’affaire (Alexandre dans le film) arrive à garder sa foi ? Quoique, à la fin du film, quand son fils, récemment confirmé par le cardinal Barbarin, lui demande s’il croit toujours en Dieu, il ne répond pas. Mais il va régulièrement à la messe et élève ces cinq enfants dans la foi catholique. Il dit qu’il faut lutter contre les méfaits de l’Eglise depuis l’intérieur que depuis le dehors. Ces considérations n’ont rien à voir avec la foi. Je pense plutôt que c’est le fait de se croire plus ou moins seul dans ce cas, et de se sentir rassuré par le déplacement momentané du prêtre, déplacement qu’il a pris pour une sanction réelle, qui lui a permis de se raccrocher à l’idée que tout va bien au fond dans l’Eglise. Ce n’est que quand il se rend compte que son agresseur est toujours au contact avec des enfants et qu’il a fait un grand nombre de victimes qu’il comprend qu’il y a un problème structurel.
Filmé avec beaucoup de retenu – aucune image d’agression sexuelle, juste des évocations – au plus près de la souffrance de ces hommes en qui on voit apparaître les petits garçons qu’ils étaient alors, cette œuvre longue - mais on ne voit pas passer le temps – convainc par la justesse du ton et l’art des acteurs à faire ressentir une souffrance si longtemps enfouie et pourtant toujours active.
Le titre est la fameuse réplique scandaleuse de Barbarin lors d'une audience du procès : « grâce à Dieu les faits sont prescrits ».
Le film se termine en annonçant dans le générique que le jugement est attendu pour mars.
Waltraud Verlaguet
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