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PROtestants et FILmophilesFestival de Locarno 2013 |
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Synopsis: Joaquim Pinto vit avec le VIH et l’hépatite C depuis près de vingt ans. E Agora? Lembra-me relate une année d’études cliniques sous psychotiques et médicaments toxiques dont la commercialisation n’a pas encore été approuvée. Une réflexion sur la survie au-delà de tous les pronostics mais aussi sur l’amour et l’amitié.
Le réalisateur se filme lui-même, seul, en couple avec son amant (il précise qu'ils sont mariés), avec ses chiens, dans différents univers entre lesquels se déroule cette période difficile de sa vie. Un regard sur la fiche technique suffit pour se persuader qu'il s'agit d'un film d'un soi pour soi. Chaque oeuvre d'art parle toujours de l'intimité de l'artiste, à travers toute mise en fiction. Mais il me semble - est-ce une impression due aux hasards de programmations des derniers festivals auxquels j'ai pu assister, ou est-ce une réalité ? - que les films d'homosexuels expriment un narcissisme plus direct, moins médiatisé par le recours à la fiction, une mise en scène plus voyeuriste - jusqu'à cette scène d'intimité qui a inspiré cette annonce dans le programme du festival : "Le film comporte des scènes qui peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs."
Citation : "Il est triste de marcher au milieu de Dieu absent."
Des images très belles d'une nature "vivante" - une libellule, une limace, une abeille, des fleurs... - alternent avec des prises de vue d'hôpitaux, de laboratoires, d'avions. Le récit des plantations que les deux hommes entreprennent, très proches de la nature, contrastent avec leur consommation de drogues, leur d'activisme politique passé (au cours duquel Joachim a croisé une certaine Angela Merkel). Le tout est accompagné d'une voix off qui nous livre un mélange de réflexions sur la vie et la mort, la maladie en général et le SIDA en particulier, la nature, la place de l'homme dans l'univers, la quête de sens.
La religion est très présente, partie prenante de cette quête dans laquelle Joachim s'est engagé pour conjurer sa maladie. Lui-même non-croyant, se confronte à la foi de son ami qui lui cite l'évangile. L'inertie dans laquelle le plongent les médicaments lui fait dire "Il faut vouloir pour vouloir", phrase qui évolue au cours du film en "Il faut vouloir pour croire", puis en "Il faut croire pour croire", jusqu'à ce que son ami lui dise "ne crois pas pour croire !", phrase qui n'aurait sans doute pas déplu à Bonhoeffer qui repugnait tant à se servir de la peur devant la mort pour faire du prosélytisme.
Emaillé de bribes d'actualités d'aujourd'hui ou du passé récent, le film met en évidence, par un constant retour sur ce soi souffrant, la place fragile de l'homme dans l'univers.
Waltraud Verlaguet
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