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Synopsis :
Françoise revient à Rennes pour enseigner l’Histoire de l’art à la fac, longtemps après y avoir commencé ses études. Ion, surgi de nulle part à la rentrée pour étudier la géographie, est amoureux de Lydie, une étudiante aveugle, et prétend, par honte, que sa mère Moon est morte. Il y a aussi du rock, plus fort que l’oubli, avec John qui n’a jamais cessé d’en faire, et les amis de Françoise qui n’ont pas cessé d’en écouter. Encore plus loin, au commencement, il y a un ruisseau que Françoise a rendu invisible dans sa mémoire, et qui attend d’être visité, tel un tableau dans un musée.
© Festival Locarno 2015
Un petit bijou.
L’essence du film réside dans la phrase citée d’Héraclite : « le temps est un enfant qui joue aux billes ». Différents modes d’appréhender le passé s’entrecroisent et rendent perceptible comment notre présent se construit à travers toutes ces multiples couches de réalité – et bien d’autres encore. Temps et espace se traversent et se fécondent mutuellement.
Il y a d’abord le travail de Françoise, historienne de l’art, qui déchiffre les tableaux de façon quasi amoureuse - les agrandissements des détails des œuvres qu’elle commente lors de ses cours sont absolument magnifiques – et nous fait voyager ainsi à travers le temps et l’espace imaginaire des temps révolus que nous avons du mal à comprendre du premier abord.
Il y a ensuite ce groupe d’étudiants qui veulent enregistrer des témoignages sur ce qui reste dans la mémoire des gens des traditions de la Bretagne. Ils interrogent Françoise et celle-ci découvre des souvenirs enfouis au plus profond d’elle de son grand-père, guérisseur, des plantes qu’il utilisait, de la rivière où il les cueillait.
Puis il y a les gens que Françoise avait connus quand elle était étudiante et qui sont presque tous encore sur place, autrefois une bande de punk, voulant expérimenter la liberté, l’intensité de la vie au risque de s’y perdre. C’est à ce risque que Moon, une des anciennes amies de la bande, a succombé, alors que son fils Ion étudie la géographie à la même université. Tandis que Ion explore des cartes et des paysages, Françoise commente à ses étudiants le paysage mythique d’Arcadie où l’âme humaine a le choix entre un paradis pas très alléchant à première vue, et l’enfer aux champs charmeurs. A-t-elle le choix ? Jusqu'où avons nous le choix pour déterminer notre vie ?
Un tout petit regret, mais c’est vraiment pour faire ma pédante : à un moment, Françoise explique la naissance de la perspective à partir des cartes imaginaires de la fin du Moyen Age, structurées en T, et elle dit que la lettre grecque tau est aussi la première lettre de theos, Dieu – sauf que theos commence par un thèta, et puisqu’elle est censée avoir traduit la phrase d’Héraklit, elle doit forcément le savoir. Mais bon, le film est tellement beau que je lui pardonne.
Waltraud Verlaguet
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