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Das Leben drehen – Wie mein Vater versuchte, das Glück festzuhalten
de Eva Vitija (Suisse 2015, 1h17) documentaire.
Ce documentaire par Eva Vitija sur son père (travail de fin d'études) est également autobiographique : car ce père passait son temps à filmer sa famille, et l'on voit une Eva pré-ado se plaindre : “Tu ne nous connais qu'à travers l'objectif de ta caméra”.
Le film est fait de séquences prises dans la montagne de cassettes et pellicules que Joseph Scheidegger (1929-2012) laissa derrière lui à sa fille cinéaste, d'entretiens avec les partenaires d'une vie familiale compliquée (Eva est fille de la seconde épouse, Claudia, mais il y eut bien plus), et de documents pris dans les archives qu'il organisa aussi. Un abondant commentaire off, par Eva Vitija elle-même, accompagne les images.
Notre intérêt peut porter sur trois niveaux : celui du père, homme de spectacle (théâtre, télévision), qui construisit les pierres de sa pyramide d'éternité en filmant tout, tout le temps, de lui-même avec son entourage familial ; celui de la réalisatrice, qui accepta plus ou moins malgré elle le fardeau de construire cette pyramide : “J'exécrais ses images, j'appris à y lire son regard” ; celui de la famille, enfin, matériau de sa propre mise en représentation : “Nous nous sentions personnages du Truman Show”, dit Kaspar son fils psychothérapeute ; derrière l'expression d'une certaine fascination pour cet homme vivant et charmeur, percent souvent rancœur et mépris.
On pourrait trouver que le tableau d'un personnage artificiel, des dommages qu'il occasionna à ses proches (il n'est guère question de bienfaits...) et de la façon dont ils y ont fait face, y compris par ce film, n'a guère d'autre valeur qu'anecdotique (et pour eux, thérapeutique). L'accueil de la salle à Locarno fut cependant enthousiaste, et le film avait reçu plus tôt cette année le Prix de Soleure. Peut-être le narcissisme incontrôlé qui en est la substance préfigure-t-il, avec les moyens de l'époque, ce qui de nos jours alimente, par selfies et réseaux sociaux, le business le plus juteux.
Jacques Vercueil
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