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Ostatnia Rodzina (The Last Family)

de Jan P. Matuszynski

Pologne, 2016 - 123 min

Avec : Andrzej Seweryn (Zdzislaw Beksinski), Dawid Ogrodnik (Tomasz Beksinski), Aleksandra Konieczna (Zofia Beksinska)

The Last Family

Une famille comme on n'en fait plus

© Festival Locarno

La famille du renommé peintre polonais Zdzis?aw Beksi?ski a été enregistrée sur bande audio puis filmée en VHS pendant vingt-huit ans par Zdzis?aw lui-même. Jan Matuszy?ski, dans le but de traiter son film de fiction comme un documentaire, reprend à plusieurs reprises le format de la bande vidéo d'origine. Ce procédé rend les personnages très proches : le spectateur fait partie de la famille et entre dans ses dysfonctionnements angoissants.

On peut s'interroger sur le titre : en quoi cette famille est-elle la dernière ? Il est de plus en plus rare d'en trouver ainsi formées : deux grands-mères, deux parents et un fils adulte. Cette bizarrerie, dans la première scène du film, est en voie d'être en partie réglée par l'installation, un peu à son corps défendant semble-t-il, de Tomasz, le fils, dans un appartement de l'autre côté du square, avec l'aide de la famille au complet ravie de se soulager d'un pesant fardeau : Tomasz est psychologiquement fragile et suicidaire. Ce changement aura pour conséquences des traversées quasi-quotidiennes de ses parents affolés d'être sans nouvelles. Leur couple est uni et relativement serein, grâce à Zofia qui se dévoue sans relâche aux soins de ses mère et belle-mère, à l'écoute de son fils et au bien-être de son artiste de mari. Les années passent, le cercle diminue avec les disparitions successives des deux grands-mères, la mort de Zofia à la suite d'une rupture d'anévrisme, puis celle de Tomasz qui réussit son suicide. “Félicitations” lui sussure son père en le découvrant. Lui-même mourra assassiné un peu plus tard, laissant sur une cassette d'interviewes la teneur de ses fantasmes.

Une autre piste s'ouvre alors pour le choix du titre : le dernier élément du cercle familial a disparu, il n'y a plus de famille. Cependant les deux heures passées parmi ses membres ont été saisissantes.

Nicole Vercueil

Prix d’interprétation masculine pour Andrzej Seweryn, Locarno, 2016