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Festival de Berlin 2023

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© DR


Manthia_Diawara

Manthia Diawara est écrivain et cinéaste. Il est professeur de littérature comparée et d'études cinématographiques à l'Université de New York. Les films majeurs de Diawara incluent : Une lettre de Yene (2022), Un opéra du monde (2017), Négritude, un dialogue entre Soyinka et Senghor (2016) et Édouard Glissant : Un monde en relation (2010). Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals.

AI: African Intelligence

de : Manthia Diawara , Portugal, Sénégal, Belgique 2023, 110min., Berlinale 2023, Forum Expanded

© Manthia Diawara / Lumiar Cité / Maumaus

Avec Mère-Bi (Marymata Seck), Diyé Dia, Raoul Frese, Makhou Lebougui, Jean-Paul Colleyn

 

A travers le jeu de mot entre AI=Intelligence artificielle et AI=Intelligence africaine, le réalisateur cherche à établir des parallèles entre l’intelligence artificielle et des cultes de possession en Afrique. Le procédé est intéressant et en tant que documentaire sur ces rites il est bienvenu. Ce sont les raccourcis des conclusions qu’il en tire qui le sont moins.

En ce qui concerne les rites du Ndeup, de multiples témoignages de guérison veulent soutenir la réalité des esprits. Comme dans notre propre histoire, les rituels de guérison ont un avantage certain en ce sens qu’ils permettent de localiser l’origine du mal à l’extérieur de nous-mêmes. Si le malade est possédé, cela signifie que ce n’est pas lui-même qui est malade mais un mauvais esprit lui fait du mal, et ce dernier peut être expulsé avec des méthodes appropriées. Et le malade n’est pas seul : la communauté entière se réunit autour de lui pour provoquer cette expulsion. C’est en cela que la comparaison avec la psychanalyse qui affleure à un moment dans le film, est un contresens : cette dernière en effet situe l’origine du mal au plus profond du malade et, mal gérée, ajoute à son mal-être la culpabilité d’en être responsable, ce que son entourage bien souvent ne manque pas de lui rappeler pour l’ostraciser. Si nous avons là un authentique avantage des rituels ancestraux – à condition qu’ils ne soient pas dévoyés (cf. Il va pleuvoir sur Conakry) - faut-il en conclure que la vision du monde qui les sous-tend correspond à la réalité ? Faut-il croire que Dieu a rendu la mer salée pour cacher la mauvaise odeur des esprits ?

L’appel de l’auteur à respecter des traditions et son affirmation que leur disparition correspondrait à un appauvrissement de l’humanité sont, certes, à entendre. De là à conclure qu’il y a plusieurs vérités parallèles qui coexistent (conclusion très en vogue depuis Trump), il y a plus qu’un pas, il y a un gouffre. Fallait-il maintenir les procès en sorcellerie sous prétexte qu’il fallait respecter la tradition aux côtés des idées des Lumières ?

Par ailleurs il plaide contre l’introduction des idées ‘occidentales’ en Afrique mais n’a pas la même prévention contre le syncrétisme opéré avec l’islam, tel qu’on le voit nettement dans le film ; et la plupart des jeunes gens présents portent des jeans et des t-shirts et filment la scène avec leurs portables…

Synopsis:

Un film-essai sur des points communs entre des rituels du culte de possession africaine dans les villages de pêcheurs traditionnels de la côte atlantique du Sénégal et l'émergence de nouvelles frontières technologiques connues sous le nom d'intelligence artificielle.

Waltraud Verlaguet

Berlinale 2023, Forum Expanded

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