PROtestants et FILmophiles Festival de Berlin 2012

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A moi seule : Agathe Bonitzer, Reda Kate © Les Films Hatari , Berlinale 2012

A moi seule : Agathe Bonitzer © Les Films Hatari , Berlinale 2012

Frederic Videau © Berlinale 2012

A moi seule de Frédéric Videau

Avec Agathe Bonitzer, Reda Kateb, Hélène Fillières, Noémie Lvovsky
France 2011, 91 min
Sélection officielle Berlinale 2012

Une fille est kidnappée. Son ravisseur ne la brutalise pas, ne la viole pas. Il se contente de l’enfermer pendant qu’il travaille, lui ramène des livres, des disques, des couleurs pour ses cheveux. Il se crée ainsi une compagne à sa merci, incapable qu’il est d’avoir une vie sociale. Il finit par la laisser partir des années plus tard – et se pend.

Elle arrive chez sa mère qui l’enferme dans sa chambre pour la protéger des journalistes. Elle est ensuite prise en charge par une institution qui l’enferme à son tour – pour la protéger. Elle demande à la psy qui la suit de sortir la nuit pour une promenade dans la forêt, en escaladant la grille. La similitude des situations est alors très frappante : son geôlier également lui permettait des sorties la nuit dans les bois. Il tenait la torche pour l’éclairer comme maintenant la psy : comme si elle avait toujours besoin que quelqu’un d’autre « l’éclaire », ou plutôt lui impose sa lumière.

Elle s’échappe à nouveau et décide de recommencer une vie « toute neuve ».

Dans le train, alors que le contre leur veut lui imposer une forte amende puisqu’elle n’a pas de billet, une femme inconnue paye pour elle, sans rien lui demander en échange. Son visage est montré comme un rayon de lumière.

Le film montre bien l’ambivalence des sentiments entre amour et désir d’emprise, entre incapacité relationnelle et violence, entre désir de protéger et celui d'enfermer.

Le désir de liberté comme seul point de fuite pour la victime est sans doute un peu court. Mais décrypter les abîmes creusés et un cheminement possible pour en sortir - ça serait un autre film.

Waltraud Verlaguet