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Festival de Berlin 2012

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Gnade

Jürgen Vogel dans Gnade de Matthias Glasner © Alamode Film, Foto Jakub Bejnarowicz


Matthias Glasner

Matthias Glasner © Sven Ole Rennecke

; ?>Gnade (Grâce*) de Matthias Glasner

*traduction provisoire
avec Jürgen Vogel, Birgit Minichmayr, Henry Stange, Ane Dahl Torp, Maria Bock
(Allemagne/Norvège 2012, 132 min.)
Sélection officielle Berlinale 2012

Entre le 22 nov. et le 21 janvier, le soleil ne dépasse pas l'horizon à Hammerfest en Norvège. Niels, ingénieur, et son épouse Maria, infirmière, s'y exilent pour le travail. Ils ont un fils qui filme ses parents, créant un genre de documentaire décalé de la vie de famille. Maria travaille dans un service de soins palliatifs. Un jour, après deux gardes d'affilée (en Norvège comme partout on manque de personnel), fatiguée, elle regarde, sur le chemin du retour, la lumière polaire. Elle entend un choc, regarde, ne voit rien, sans cependant descendre de la voiture. Elle dit à son mari sa peur d'avoir blessé quelqu'un. Son mari retourne sur le lieu de l'accident, inspecte les lieux avec une torche, ne voit rien. Le lendemain on apprend dans les journaux qu'une jeune fille de 16 ans a été blessée par une voiture, qu'elle a rampé vers le bord de la route où elle est tombée dans un trou de neige où elle est morte.

Maria est anéantie. « Je ne suis pas cette personne qui a fait ça » se répète-elle. En accord avec son mari, ils décident de ne rien dire.

La beauté cruelle du paysage glacé, captée en plans larges par une caméra qui surplombe le monde des humains, crée une impression d'extériorité des personnages à eux-mêmes.

Quand Maria se contente de répondre par un sourire à son mari qui lui avoue sa liaison avec une collègue, on n'y croît pas vraiment. Mais faisons crédit tant au réalisateur de ne pas avoir bâclé une scène, qu'à l'actrice, l'excellente Birgit Minichmayr, de jouer « juste ». On peut alors penser que ce manque de « crédibilité » exprime parfaitement l'anesthésie froide dans laquelle la faute non-avouée maintient les protagonistes.

Ils finissent par aller voir les parents de la fille tuée. Que faire ? Personne ne sait. Aucune réponse n'est possible devant le deuil d'un enfant. Et pourtant : la glace est brisée, comme on dit très justement.

Pour la fête du solstice d'été, la neige a fondu, l'herbe et les fleurs couvrent la terre d'un tapis dense que la caméra capte cette fois de très près, à donner le vertige, les gros plans sur des visages rouges, souriants, autour d'un barbecue et de bières, rapprochent les personnages, la vie peut continuer.

Alors « Gnade » ? 'Grâce' ou 'miséricorde' pourrait-on traduire. Pourtant, dans le film, aucune allusion directe à une quelconque grâce. On peut supposer que l'aveu a débloqué la situation, puisqu'on voit la scène de fête à la fin, mais à aucun moment on ne voit les parents de la fille « faire grâce », pardonner. Et si la grâce résidait justement dans le fait de prendre conscience que nous dépendons d'elle ? Le fait d'avouer expose Maria à la bonne volonté des parents de la victime. Ils peuvent la poursuivre. Visiblement ils ne le font pas. Mais l'important c'est que Maria quitte sa posture de maîtrise et s'expose : elle assume sa fragilité.

Loin de toute religiosité, nous sommes là devant une affirmation à portée théologique, exprimée par un scénario, certes, mais surtout par une mise en image parfaitement cohérente.

Waltraud Verlaguet

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