PROtestants et FILmophilesFestival de Berlin 2013 |
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Kamboziya Partovi dans Pardé
Maryam Moghadam dans Pardé
Kamboziya Partovi © Berlinale 2013
Jafar Panahi © Berlinale 2013
Comme je n’écris dans mon agenda que l’heure à laquelle je dois être dans quelle salle, sans aucune information sur le film, j’avoue avoir pensé, au cours du premier plan : « Oh là là, je vais m’ennuyer ». Un plan séquence, caméra fixe, à travers une fenêtre ; une voiture arrive, un homme en descend, s’approche lentement avec son bagage…
Puis, au moment où l’écrivain remet les draps devant les affiches, c’est Panahi qui se superpose et prend sa place. L’écrivain, la femme et le chien lui restent invisibles. Il est cambriolé mais ne veux pas porter plainte…
Au final on se retrouve avec un délicieux mélange entre réel et imaginaire, et une réflexion stimulante sur la relation entre les deux. « Penses-tu vraiment que tu peux capter la réalité ? » demande la jeune femme à l’écrivain sur le ton du reproche. Elle cherche à cambrioler, non sa maison, mais sa pensée, pour le conduire au suicide. Elle représente le côté sombre, la part en lui qui risque de perdre espoir, d’abandonner ; mais aussi la menace de l’extérieur : il dit à moment donné qu’elle a tapé beaucoup de « reports » sur des gens comme lui. Avait-il bien fermé la porte ? La question prend alors un tout autre sens. Comment fermer la porte au désespoir quand on vous empêche de travailler ?
Le chien, symbole de la simple joie de vivre innocente et pourtant déclarée « impure », doit être caché. Il doit faire ses « besoins » à l’intérieur. Quand filmer est un besoin vital, il faut le faire à l’intérieur d’une maison aux rideaux fermés…
La caméra ne quitte jamais la maison et la scène, où la jeune femme arrache les rideaux, a été filmée en dernier pour ne pas compromettre le tournage. L’équipe était restreinte au strict minimum : quand Jafar Panahi joue, c’est Kambozyia Partovi qui est aux commandes et l’inverse.
Et la dernière image montre, à nouveau caméra fixe, Jafar Panahi quitter la maison et prendre la voiture dans laquelle il embarque l’écrivain et le chien – quelle belle métaphore pour la résistance intellectuelle !
Waltraud Verlaguet
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