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Festival de Berlin

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De Pablo Larraín

Pablo Larraín © Fabula

Chili, 90min.

Avec : Antonia Zegers, Roberto Farías, Alfredo Castro, Jaime Vadell, Alejandro Goic,Alejandro Sieveking, Marcelo Alonso, José Soza, Francisco Reyes.

Synopsis :

Quatre prêtres sont retenus dans une maison isolée pour faire pénitence pour leurs méfaits, essentiellement de la pédophilie. Une jeune ex-religieuse est chargée de veiller sur eux et de leur faire respecter les règles : prières et messes à heures fixes, interdiction d'entrer en contact avec d'autres gens, interdiction de s'approcher du village sauf tôt le matin et tard le soir. Arrive un nouveau prêtre. Un homme le suit et déclame à haute voix devant la maison ce qu'il a subi. Le nouveau prêtre se tue. Un Jésuite arrive pour éclaircir le cas.

El Club

(Sélection Officielle)

En exergue on lit Gn 1,4 : « Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. »

Antonia Zegers © Fabula

Puis le film s’ouvre sur des images filmées au crépuscule et on comprend d’emblée que cette lumière n’est pas bonne. Tout est gris - même dans les scènes au soleil - comme la zone dans laquelle se situe la moralité des personnages, prêtres pédophiles relégués dans ce coin perdu de la côte chilienne. Souffrent-ils de leurs pulsions ? Les regrettent-ils ? Regrettent-ils le mal qu’ils ont fait ? En sont-ils seulement vraiment conscients ? Seront-ils sauvés malgré tout ?

Ils ont trouvé un certain équilibre en vivant ainsi, cachés du monde. Ils se passionnent pour des courses de chiens et entraînent avec ferveur un lévrier qui leur rapporte pas mal d’argent – mais ils regardent les courses de loin, par jumelles, puisqu’ils n’ont pas le droit de s’approcher des gens. C’est Monica qui le fait pour eux.

Cette jeune ex-religieuse a été rétrogradée de son statut, étant accusée d’avoir battu un enfant qu’elle avait adopté en Afrique. Elle dit que l’accusation est fausse. Elle s’adonne avec joie au rôle qui lui est confié ici, ces prêtres sont comme ses enfants et elle rayonne littéralement : elle a trouvé la paix de son âme en remplissant bien sa tâche.

Extrait d’une interview avec le réalisateur : « J’ai toujours été perturbé par le destin de ces prêtres qui sont privés de leur position par l’Eglise elle-même, dans le secret absolu, et soustraits à l’opinion publique. J’ai été élevé dans des écoles catholiques et j’y ai rencontré beaucoup de prêtres respectables qui ont travaillé et vécu selon ce qu’ils appellent « le chemin de la sainteté », à savoir des prêtres qui ont observé la Parole de Dieu et se sont conduits en guides spirituels, des hommes honnêtes qui prêchaient par leur exemple. J’ai aussi rencontré des prêtres qui sont aujourd’hui en prison ou sont remis à la justice pour différents délits. Mais j’ai aussi rencontré des prêtres dont personne ne sait où ils sont, des prêtres disparus. Des prêtres perdus, des hommes de foi et des guides spirituels qui ne sont plus sur le radar. Des prêtres cachés dans des maisons dans le silence absolu. Où sont-ils ? Comment vivent-ils ? Qui sont-ils ? Que font-ils ?
Ce films parlent de tels prêtres exilés, c’est pourquoi il s’appelle « le club des prêtres ».

Tout est bouleversé quand arrive un nouveau prêtre. Il dit ne pas être comme eux, il veut visiblement se distancier. Mais il est suivi par un homme, Sandokan, qui se tient devant la maison et déclame tout ce qu’il a subi par ce prêtre.

‘Déclamer’ est le mot, car il n’accuse pas, il décrit, à haute voix, comme une incantation. Et on comprend que tout ce qu’il veut, c’est rester avec ce prêtre, car c’est lui qui l’a élevé, qui l’a protégé. Que c’est difficile de se libérer de l’emprise de quelqu’un qui est à la fois tortionnaire et bienfaiteur. Simple d’esprit, Sandokan énumère les pénétrations, fellations, masturbations… Le langage est cru, la semence qu’il devait avaler lui donnait mal au cœur, mais le prêtre lui avait expliqué qu’avaler la semence d’un homme de Dieu était un acte de sanctification.

Le prêtre en question, voyant qu’il ne pourrait échapper à cette situation, se tue. Arrive alors un Jésuite chargé d’éclaircir le cas. Il pose des questions qui fâchent. Il voudrait fermer ce genre de maisons. Mais au final il va y renoncer pour sauver Sandokan - dans une très belle scène il lui lave les pieds. Une rédemption grise, elle aussi. Il est décidément bien difficile de séparer la lumière des ténèbres.

Roberto Farías © Fabula

Pablo Larraín est obsédé par la question de l'impunité. Comment se fait-il que certaines personnes puissent faire du mal sans jamais être inquiétées ? Si dans ses précédents films il s'intéresse surtout à la politique de son pays, il s'attaque ici à un sujet sur lequel il a eu du mal à enquêter, tant les sources sont tenues secrètes. Il a découvert qu'une organisation internationale a été créée il y a 60 ans, ‘les servants du Paraclet’, qui prend en charge les prêtres qui ne peuvent plus exercer parce qu'ils ont commis des crimes. Plutôt que de les livrer à la justice, ils sont placés dans des ‘foyers’ à l’abri du regard du monde.

Une superbe analyse psychologique.

Waltraud Verlaguet

Berlin 2015, sélection officielle

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