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Il est des films manifeste qui ne se préoccupent pas tant de nous raconter une histoire que de nous tendre un miroir pour interroger nos existences et ce qui en fait la trame. Et Roy Andersson poursuit son portrait de l'humanité dans ce troisième volet de sa trilogie placée sous le signe de «Nous les vivants».
La caméra fixe, avec des plans séquences et toujours une très grande profondeur de champ, nous suggère une caméra capable de tout voir, de tout enregistrer précisément, et surtout les détails que nous aimerions enfouir profondément.
Dans un univers intérieur rendu par ces couleurs uniformément fades et tristes, se joue ce qui ne serait qu'une farce si ce n'était tragique, comme cette armée suédoise allant en guerre en chantant et rentrant en loques au jour de la défaite. Comme si cette armée était l'archétype de toutes nos ambitions condamnées à se rendre contre plus fort que soi. Autant de scènes qui nous bousculent et nous renvoient à la seule question qui vaille, celle de la mort.
Une mort d'ailleurs mise en scène à de multiples reprises comme autant de rendez-vous manqués. Question terrible de Jonathan, l'un de ces deux représentants en farce et attrapes aussi pathétiques que possible, aussi absurdes que ces deux autres voyageurs qui n'en pouvaient mais attendaient Godot. Film de l'absurde comme il est un théâtre de l'absurde qui nous pose la question de notre culpabilité, « comment est-il possible de continuer à vivre alors que l'on fait partie de cette humanité là », nous demande Jonathan alors qu'il vient de revivre en cauchemar l'indécence absolue du massacre des innocents juste pour le plaisir de faire de la musique.
Autant de visions complètement désespérées de l'humanité, des visions protestantes ? Car ce qui nous est ici montré, c'est la bêtise de notre condition et la faiblesse ontologique irrémédiable de l'homme qui, ni par la nature ni par l'histoire ne saurait être une forme de la transcendance, formidable résumé du protestantisme. Qu'il est donc difficile d'être humain comme nous le répète cette belle dissertation philosophique qui mérite très largement que l'on surmonte l'ennui insondable qu'elle suscite au premier abord mais que l'on apprécie aux degrés croissants du souvenir.
Roland Kauffmann
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