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Magnifiquement interprété par une kyrielle d'acteurs souffre-douleurs de Violet (Meryl Streep) la veuve éplorée de Beverly (Sam Shepard), entourée de ses trois filles qui chacune à leur manière ont raté leur vie (Tout comme Violet ?!), Un été à Osage County est une interrogation sur ce qui fait une vie bonne, une vie réussie et la fine ligne de crête qui sépare le bonheur de la détresse la plus noire.
Barbara, l'aînée, fait semblant d'afficher une famille unie alors qu'elle ne supporte plus son mari volage. Karen, liftée jusqu'au bout des oreilles, rêve du Bélize et de mariage avec un gigolo qui n'hésite pas à tenter de séduire Jean, la fille de Barbara. Que dire enfin de Ivy, la plus émouvante, dont l'idylle cachée avec celui qu'elle croit être son cousin, Charles Junior, va se révéler encore plus impossible ?
Et les hommes, dans tout cela? Désabusés comme Beverly, se demandant comment lui et Violet ont pu en arriver là et faisant le constat amer avec T.S. Elliott que 'La vie est longue'. Incapable de parler, comme Bill qui ne sait même pas dire à sa femme et sa fille pourquoi il leur préfère une autre femme, qui pourrait être sa fille... Charles Junior, qui accumule les bourdes ne serait-ce que pour donner raison à sa mère Mattie Fae, persuadée qu'il n'est qu'un crétin. Steve dont la Ferrari tient lieu de cerveau ? Tout est réuni pour que le repas de funérailles dégénère dès après le bénédicité.
Un été, quelque jours, où la spirale des règlements de comptes va s'emballer, et dont la violence du repas n'est qu'un paroxisme provisoire. Dans chaque dialogue se déchaîne une foule de ressentiments, d'échecs et de vérités crues, plus écrasantes que la chaleur qui les enveloppe.
Ne surnagent dans ce désastre que Charles, le beau-frère, celui qui fume trop d'herbes, abruti par la logorhée de sa femme. Lui seul va vraiment se dresser contre la haine recuite de Violet et dire finalement son fait à sa femme trop avide de dénigrer leur fils. Et si finalement Charles, qui aime son fils, Charles junior, comme le père qu'il sait, au fond de lui, ne pas être, n'était pas la seule figure rescapée de ce naufrage?
Avec lui, la servante, l'indienne Cheyenne, Johnna ! Celle qui représente cette terre désolée et pillée des Grandes Plaines, le peuple des "Natives americans", dépossédé spectateur de la déchéance des maîtres. Elle qui finalement sera le dernier refuge pour une Violet, aliénée au sens propre par sa souffrance et la cruauté qui va avec.
Un film marqué par les départs! Celui de Beverly, noyé vivant dans son whisky et mort dans l'eau du lac (!), celui de Karen et Steve, quand la honte prend les oripeaux de l'outrage, celui de Bill et Jean qui n'en peuvent plus de ne plus savoir qui ils sont, celui de Charles et Mattie Fae, enfin remise à sa place, celui d'Ivy qui ira coûte que coûte vivre sa vie avec celui à qui elle ne dira pas ce qu'ils sont réellement. Enfin, le plus tendu, celui de Barbara! Tendu parce que jusqu'à l'ultime seconde, l'on ne sait pas de quel côté sa vie va basculer. Va-t-elle choisir la vie ? Va-t-elle choisir sa mère ? Va-t-elle rester, redevenir, la fille que ses parents désiraient ? De quel côté est la vie, la vie réussie, la vie choisie ? Barbara doit choisir, quelque part entre ciel et terre, au milieu de nul part.
À chacun de dire si elle a fait le bon choix.
Roland Kauffmann
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