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Plus vrais que nature, les personnages de Brooklyn Yiddish le sont assurément puisqu'ils sont tous amateurs et jouent leur propre rôle dans cette ode à l'enfermement communautaire.
Menashé, le père désireux de retrouver la garde de son fils Ruben qui, selon la loi hassidique, ne peut être élevé par un homme seul, se soumet entièrement aux règles de sa communauté. Alors que la loi de son pays, les États-Unis, lui donnerait raison, il n'y pense même pas. Sans doute parce qu'il sait, qu'à l'instar des anciennes peuplades primitives d'Amazonie, une mise au ban de la communauté qui serait prononcée par le rabbin serait un véritable suicide social, lequel pourrait sans doute déclencher la mort réelle.
Le réalisateur qui ne parle pas yiddish, qui est certes juif mais à mille lieux des fondamentaux de cette communauté est un quasi Lévi-Strauss quand il se fait anthropologue de ce groupe social en tant que communauté écartée, tout en en faisant pleinement partie, de la société américaine d'aujourd'hui. Ce "quasi" est sans doute à priori dommage car ce n'est ni tout à fait un documentaire ni tout à fait une fiction, ni une étude anthropologique ni un pamphlet dénonciateur, ni tout à fait une critique ni tout à faite une approbation. Le film ne s'aventure jamais du côté du jugement ni de la contradiction d'un ordre et d'un cadre dont on ne sait jamais très bien s'il est religieux ou culturel, sans doute parce qu'il est à la fois religieux et culturel. Il laisse ainsi chacun être son propre juge des biens ou méfaits de ce type de servitude volontaire qui constitue toujours l'horizon de tout ordre religieux quel qu’il soit.
Il faut cependant saluer la performance des acteurs qui parviennent à faire oublier leur amateurisme, sans doute parce que la réalité est finalement plus crédible que la fiction ne saurait jamais l'être.
Roland Kauffmann
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