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L'Histoire de Pro-Fil par son fondateur : Jean Domon
Montpellier, 1er octobre 2005, mise à jour : 2011
DES PROTESTANTS QUI VONT AU CINEMA
Nous étions quatre travaillant ensemble pour les émissions T.V. de Présence Protestante : Claudine Roshem, monteuse et réalisatrice, Evelyne Sellès-Fischer journaliste-présentatrice, Jean Domon, producteur, et Humbert Jourdan président de l'association des Amis de la Radio-Télévision. Nous partagions alors l'impression que nos coreligionnaires, rencontrés dans nos nombreux déplacements se préoccupaient beaucoup de questions d'ordre social, politique ou éthique mais n'attachaient que peu d'importance aux domaines culturels en général et cinématographique en particulier. Trop d'entre eux ne cherchant dans les films que l'occasion d'une détente, un dérivatif superflu.
FILM ET VIE
C'était en 1948 ! Un pasteur calviniste, Henri de TIENDA, installe un jour dans la chapelle, où il tente d'intéresser les gens du quartier à la prédication de l'Evangile, un projecteur pour y montrer des films de Bergman et autres suédois et crée, avec l'accord de la Société Centrale d'Evangélisation un Service d'Evangélisation par le Cinéma : le SERCINEV. Les habitués de la chapelle sont débordés par les curieux. Encouragé par le succès, le pasteur fait salle comble dans le Cinéma de la ville avec la projection de L'idiot en annonçant que les portes du cinéma seraient fermées à la fin pour que tout le monde profite du débat. Le premier Ciné-Club était né !
Et les 19-21 Novembre 1949, à l'UCJG de la rue de Trévise, le Sercinev organisait un Congrès sous la présidence du pasteur Boegner en présence du docteur Hoekendijk, secrétaire à l'évangélisation au Conseil Œcuménique des Eglises. Heureuse présence puisqu'elle déclencha d'utiles subventions du COE pour ce que l'on considéra alors à Genève comme « un travail de pionniers » !
Et c'est ainsi qu'en Octobre 1950 apparaissait le sigle FILM ET VIE qui se présenta tout de suite comme une Fédération. Car entre temps le Sercinev avait déjà vu naître et soutenu des dizaines de ciné-clubs à travers la France. Il faut dire que nous sommes là au sortir d'une terrible guerre et que les Français sont avides de culture et donc de cinéma. Ils ont envie de découvrir au plus vite les oeuvres de Bresson, Gremillon, René Clair, Alain Resnais, Le Silence de la mer etc. appétit qui va provoquer la multiplication d'associations 1901 à tel point que, face aux circuits existants, l'Etat promulgue un « statut du cinéma non-commercial » mais en même temps impose à tous ces clubs de se regrouper en fédérations avec à la fois des contraintes juridiques et des avantages économiques. C'est ainsi que se mettent en place une FFCC, puis les laiques avec l'UFOLEIS, les Catholiques avec la FLECC. Pour les protestants, il y a donc eu FILM ET VIE. Avec un bureau rue de Clichy, l'achat de films en16mm ou leur location, et leur distribution auprès des associations qui se chargent de la salle, du projecteur et de la publicité. Les titres proposés ne sont pas toujours des chef-d’œuvre mais ils sont très variés puisque cela va de Ademaï bandit d'honneur à Ordet, en passant par Dieu est mort, Premier de cordée ou la Symphonie pastorale, avec, bien entendu toujours la nécessité d'entourer la projection d'une connaissance de l'auteur et d'une réflexion sur les thèmes. Et si certains animateurs n'osent pas toujours parler d'une évangélisation explicite, ils insistent sur la spiritualité des films qu'ils présentent en essayant d'appliquer une grille de questions qui peuvent aujourd'hui nous apparaitre un peu naïves ou, comme on dit, récupératrices, mais qui essaient toujours de faire progresser l'échange vers des interrogations au moins éthiques, sinon théologiques. Par exemple, à partir de L'idiot, le but ultime d'un débat devrait être le conflit entre la loi et la grâce ou la vie sans Dieu, et à partir des Parents terribles de Cocteau un souci d'éducation sociale.
Mais l'exercice est périlleux. L'enthousiasme ou la bonne volonté ne suffisent pas. Il devient urgent de préparer les animateurs que certains documents appellent les « speakers » à présenter un film et ensuite à maîtriser les échanges ; surtout si on a l'intention de conduire les gens jusqu'à des réflexions ayant quelque rapport avec l'évangile. Car, nos pionniers se sont vite aperçus que les films dits « religieux » ou « d'édification » ne tenaient pas la route et qu'il fallait travailler avec du bon cinéma, dont le message chrétien est rarement explicite.
C'est pourquoi, en 1957 le SERCINEV change de nom et devient l'association ASPECTS : Animation de Séances pour l'Education par le Cinema et le Temoignage Spirituel. À cette époque, le nombre des cinéclubs est passé de 8 à 400 et a regroupé presque 500 000 spectateurs. Les lieux de projection sont les salles de paroisses, quelquefois des cinémas mais aussi des hopitaux, des prisons, des foyers de jeunes et des casernes.
En effet, les de Tienda ont eu le souci d'une action sociale par le cinéma, à travers des films parfois de piètre qualité comme ceux de Leo Joannon, mais mettant en question la prostitution, l'alcoolisme ou la délinquance. Des sessions de formation se multiplient à Paris et en provinces et un excellent manuel de l'animateur est édité.
Un bulletin de liaison démarre en 1958. Il donne, bien entendu, des nouvelles des clubs sans dissimuler le fait que certains s'épuisent trop vite ou s'égarent dans le bavardage. Il rend compte des festivals de Cannes, Oberhausen etTours et des colloques organisés par la Jeunesse et les Sports à Marly-le-Roi. Il aide les animateurs à parfaire leur méthode, il étudie le comportement de certains publics, comme celui des enfants ou des détenus. Mais il aborde aussi des questions délicates, comme la commercialisation, l'élitisme, les conflits autour des films immoraux, la censure etc. Il consacre des critiques souvent pertinentes aux films qui sortent sur les écrans comme Les Amants, Le Beau Serge, La tête contre les murs, ou sur la conception de Dieu chez Bergmann. D'excellents articles signés Rodolfe-Marie Arlaud, rédacteur en chef ou Henri de Tienda, pourraient figurer dans La Lettre de Pro-Fil. Je ne ferai qu'une seule citation:
« La mission des clubs de cinéma, ce n'est pas, si possible, de couper les cheveux en quatre sur des films de musée, c'est d'apprendre aux spectateurs à lire le cinéma, à parler de cinéma, à choisir le cinéma. »
Création d'un centre international deformation
Parallèlement à toute cette activité, l'infatigable Mady a suscité en octobre1955 à Paris, la création d'un Centre International Evangélique du Film plus connu aujourd'hui sous le nom d'INTERFILM, sous le parrainage du pasteur Boegner et la responsabilité du directeur du Film Zentrum d'Amsterdam, Ian Hess.
En 1963, Film et Vie s'installe dans des locaux indépendants rue de Milan et ouvre un centre de documentation où se rassemble sa cinémathèque (plus de 50 longs-métrages et autant de courts), sa bibiothèque, ses fiches techniques (2000 dossiers), son magasin d'expédition relié aux cinéclubs de province. Les subventions proviennent essentiellement du Commissariat à la Jeunesse et aux Sports et du CNC. Pas du tout du protestantisme précisent les documents. Des cicrcuits de projections sont organisés en été par des animateurs-projectionnistes dans tout l'ouest par exemple. Dans la région du Gard, sous l'impulsion des Unions Chrétiennes, une douzaine de clubs fonctionnent et leurs animateurs vont se retrouver les 12 et 13 octobre à L'Euzière pour un weekend de formation, sous la présidence du pasteur de Tienda avec projection du film Goupil mains rouges, et plusieurs courts-métrages. La dynamique ne va cesser de se développer avec l'obtention de la part de Jeunesse et Sports d'un projecteur Bell-Owell et l'ouverture de nouveaux centres où sont présentés des titres prestigieux. Des stages de formation sont organisés durant les années suivantes à la Maison de la Jeunesse à Nîmes et au Château Leenhardt, du Grau. En 1970, un « événement culturel et spirituel » avec un culte cinématographique et un dîner-spectacle marquera l'inauguration du Centre sodio-culturel UCJG de la rue des Tilleuls. Au niveau national ce fut aussi la grande époque avec de nombreuses rencontres où apparaissent des gens du métier comme Roger Leenhardt, Claude Grimberg, Jean-Louis Comoli, Jean Dreville, Claude Berri, Odette Joyeux, Eric Rohmer ou Jean-Luc Godard. On créa même des stages de réalisation en 16mm.
Apparition de nouvelles techniques
Malheureusement l'attrait de la télévision et l'usure des bénévoles décima les clubs ruraux. Et à partir de 1972, la Fédération crut nécessaire de concentrer ses efforts sur la formation. Il lui fallut s'intéresser à l'apparition de la vidéo et des nouvelles techniques audio-visuelles qui concurrençaient de plus en plus le secteur non-commercial.
C'est à cette époque que les distributeurs commerciaux suscitèrent la création de cinémas d'Art et d'Essai qui vont, en partie, récupérer la clientèle du secteur privé, augmenter les tarifs de location, et finalement renoncer au tirage des copies en format 16mm. Dès 72, la publication du Bulletin avait cessé à cause d'une forte diminution de la subvention Jeunesse et Sports. Mais en 1985, la situation financière de la Fédération était catastrophique, les subventions de l'Etat de plus en plus réduites, les cadres fondateurs vieillissants. Le dernier stage d'été eut lieu en 1985 et la location des films s'arrêta définitivement en juillet 1986.
Lorsqu'en 1989, je suis allé rendre visite avec Evelyne Sellès à Mady de Tienda, elle nous avoua avoir donné à des jeunes tout son fonds de dossiers pédagogiques de la rue de Milan. Elle n'était plus que l'inspiratrice d'un petit groupe d'amis, essentiellement catholiques, qui s'intitulait, ô ironie, « Notre attente ».
Reconnaître le cinéma comme un art porteur de spiritualité
Ainsi germa l'idée de lancer la création de ce que nous appelions dans une toute première rédaction datée de la fin Décembre 1990 :
« un groupe pas trop formel, une sorte de carrefour aux structures légères qui soit l'occasion pour des personnes de sensibilité protestante (ce qui n'exclut aucune autre confession), de croiser leur expérience, leurs passions et leurs connaissances concernant le Cinéma... Au moment où la Fédération Protestante semble découvrir que l'Art fait partie de la Culture et a peut-être même quelque chose à voir avec la théologie et la spiritualité, nous aimerions amorcer ensemble un mouvement vers une reconnaissance de lacréation cinématographique. »
Nous venions de créer PRO-FIL. En deux mots, avec un trait d'union qui fut exigé par la Préfecture de police de Paris pour le dépôt de nos statuts, ce qui nous arrangeait bien puisque cela nous permettait de préciser que nous étions PRO-testants et FIL-mophiles, c'est-à-dire des enfants de la Réforme qui aiment voir des films et, si possible, en parler. Nous tenions notre premier bureau le 29 Septembre 91 et invitions un certain nombre d'amis à nous rejoindre à l'Espace Quartier Latin le Samedi 22 Fevrier 1992 autour d'un débat sur le sujet suivant: Le film comme révélateur de l'esprit du Temps. Assistèrent à cette soirée historique et prirent la parole les théologiens André Dumas, Laurent Gagnebin, Jean-Claude Deroche, le pasteur Serge de Visme et des gens du métier comme Jacques Oger et David Guiraud.
Mais nous avions entre temps rendu visite à une vieille dame qui ne se déplaçait plus beaucoup hors de sa maison de Gretz-Armainvilliers : Mady de Tienda. Nous y tenions beaucoup car nous avions bien conscience qu'enlançant cette opération nous étions en train de reprendre en quelque sorte le flambeau d'une association dont nous avions entendu parler, qui avait eu ses heures de gloire dans les années 70-80 mais qui était tombée depuis, semblait-il, en désuétude. Voilà pourquoi maintenant, par respect pour l'Histoire du Protestantisme français, par déférence vis-à-vis de ceux qui nous ont précédés et dans un geste très cinématographique je vous invite dans l'encadré à me suivre dans un flash-back à travers un travelling un peu rapide et quelques ellipses jusqu'à la naissance, dans nos Eglises, de ce que l'on peut appeler l'évangélisation par le Cinéma.
NAISSANCE DE PRO-FIL
C'est donc le 22 février 1992 que nous avons placé sur les fonts baptismaux l'association Pro-Fil en précisant qu'un profil n'est toujours que l'image partielle d'un visage humain mais qu'il tourne notre regard vers une certaine direction. Nous adoptions définitivement ce qui devint notre slogan
« Une association qui entend promouvoir le film comme témoin de notre temps dans les communautés d'inspiration protestante et favoriser la rencontre entre théologiens, professionnels du cinéma et cinéphiles sur le rôle et l'importance de l'expression cinématographique dans la connaissance du monde contemporain. »
C'est en cela que nous prenions un certain nombre de distances par rapport à Film et Vie. D'abord, nous ne parlions pas d'évangélisation par le cinéma mais de connaissance du monde au milieu duquel nous essayons de vivre en chrétiens, à travers les films qui sortent sur nos écrans. Ces films qui nous renvoient les images multiples de ce monde avec toutes les questions qu'elles nous posent mais aussi les occasions d'amorcer un dialogue où puisse se manifester notre façon à nous de comprendre ce monde et d'y vivre en référence à l'Evangile. Nous n'étions donc pas, a priori, intéressés par une investigation dans l'Histoire du Cinéma depuis son origine, comme le pratiquait le ciné-club. Nous ne cherchions pas à créer des cine-clubs, d'autant plus que dans les années 90-95, pour les raisons signalées plus haut, les fameuses fédérations encore existantes ne fédéraient plus que quelques centaines de clubs après en avoir groupé jusqu'à dix mille. Par contre, le secteur commercial avait développé avec l'appui du CNC une association des cinémas d'Art et d'Essai qui ont ouvert des salles pour favoriser ce que l'on a appelé des films d'auteurs et quelques grosses entreprises cinématographiques écartaient de leurs circuits.
Une structure légère
Nous avons donc vu s'affirmer ce cinéma indépendant et de qualité et il nous semblait finalement bien avantageux d'aller voir ces bons films dans ces bonnes salles, payantes, certes, mais nous dispensant de louer des lieux de projections, d'acheter des appareils et des bobines, et de se confronter à tous les problèmes juridiques des droits. Ce qui importait pour nous, c'était d'aller voir des films et à la sortie, d'en parler entre cinéphiles, chrétiens ou pas, mais avec le souci d'en faire une lecture théologique ou tout au moins évangélique et biblique. Nous ne fûmes au début, qu'une poignée d'adhérents parisiens. Nos deux premières manifestations publiques furent, en 93, une rencontre avec le réalisateur Jean-Claude Bois, chef opérateur de René Allio, au cinéma La Clef, avec son film Pile et face. Nous recevions également dans le cinéma Utopia un débutant qui venait d'obtenir une distinction œcuménique à Berlin pour présenter son film La petite amie d'Antonio, Manuel Poirier. Projection prolongée par une sympathique soirée dans le bistro d'en face.
Mais lors de l'Assemblée générale suivante nous n'étions que 14 ! Et les quatre fondateurs, débordés par leurs vies professionnelles n'arrivèrent jamais à créer un groupe parisien !
La seconde naissance de Pro-Fil
C'est du sud que nous est arrivé le salut. De Cannes, plus exactement, où a lieu chaque année, comme chacun le sait, le fameux festival de cinéma. Ce qu'on sait moins c'est que depuis 50 ans, des chrétiens siègent à côté du Jury officiel et décernent leur propre prix. En fonction de leurs critères, esthétiques, certes, mais aussi évangéliques. Tel ou tel d'entre nous comme Claude Roshem ou Corine Rochesson avaient participé aux activités de ce Jury œcuménique. Or, l'une de nos préoccupations, lorsque nous étions allés voir Mady de Tienda, était aussi de redonner une place à un (ou une) protestant(e) français(e) parmi les 3 postes confiés chaque année à des coreligionnaires de différentes nationalités. J'ai rappelé plus haut que Mady était à l'origine en 1955, de la création de l'organisme protestant international INTERFILM, devenu de ce fait, le vis-à-vis de l'OCIC (Office catholique international du cinéma). C'est encore Mady qui, en 1969, créa à Cannes un jury protestant ; et c'est encore elle qui, en 1973, ayant réalisé avec son collègue catholique qu'ils venaient de donner leur prix au même film, décidèrent de joindre les deux jurys.
La gestion conjointe du stand œcuménique dans le Marché du Film, suscitait parfois quelques difficultés. Il fallait, vis-à-vis de la Fédération catholique des Chrétiens Media, une structure protestante française équivalente. On réalisa alors en haut lieu que cela existait.
Le président de la FPF, Jacques Steward, nomma Waltraud Verlaguet « chargée de mission pour le cinéma » et l’envoya vers Jean Domon et Pro-Fil qui existait déjà et faisait parfaitement l ‘affaire.
Jean Domon, Jacques Stewart et Waltraud Verlaguet au stand du jury œcuménique à Cannes en 1997
Et ce fut comme une véritable seconde naissance de Pro-Fil.
Le baptême en esprit eut lieu à Montpellier le 4 janvier 1996. Depuis nous vivons. Et prospérons.
Et en 2003, nous avons fêté à Cannes nos 30 ans d'œcuménisme.
Une association nationale : Pro-Fil
Chaque année désormais se tient, à l’automne, une Assemblée Générale doublée d'un temps fort qui marque la respiration de notre association: un Séminaire de Cinéma.
Voir la page des séminaires
- En 1996, à Cannes, le tout premier fut une sorte de charnière entre l'Ancien et le Nouveau puisque la réalisatrice Marie Jayet nous présentait un long-métrage qui relatait précisémment l'aventure des de Tienda et des ciné-clubs, intitulé Chemins de traverse, tandis que Claude Roshem projetait Le Pardon, film du Canadien Denis Boisvin dont elle avait été la monteuse .
- En 1997, à Montpellier nous recevions Jean-Louis Lorenzi avec La Colline aux mille enfants ainsi que Monsieur Henri Agel, filmologue célèbre et grand ami de l'association.
- 1998, Cannes de nouveau, avec une analyse théologique de quatre films par le professeurJean-François Zorn.
- 1999, nous étions à Marseille ,inspiratice de nombreux films dont on nous montra tout un montage d'extraits inattendus avec en plus, l'analyse en public, de Kadosh par Elizabeth de Bourqueney.
- 2000, ce fut Paris avec deux journées merveilleuses en compagnie d'un réalisateur, à l'époque à peu près inconnu, qui nous présenta deux de ses œuvres au cinéma Panthéon-Europe. Il nous parla ensuite de ses projets, de ses recherches pour le tournage d'un film qui, depuis, n'a cessé de gravir les échelons de la gloire, Etre et Avoir : Nicolas Philibert.
- 2001, nous étudiions à Nice, à travers 12 extraits, « l'image du pasteur à l'écran ».
- En 2002, nous avons célébré joyeusement à Montpellier nos dix ans, en compagnie du réalisateur Arthur Joffé, venu nous présenter au cinéma Diagonal Que la lumière soit, le film où l'on voit « Dieu de dos ».
- En 2003 c'est à nouveau Marseille qui nous recevait autour d'une action d'information du public français organisée au niveau national par nos Eglises sur « l'année de la Bible » avec projections et analyses de plusieurs films depuis la Genèse de Omar Sissoko jusqu'à Je vous salue Marie de J.L. Godard en passant plusieurs extraits de Vies de Jésus centrées sur les Sacrements, deux westerns de John Ford et Superman.
- En 2004, enfin, c'est à Sommieres (Herault)que nous recevions le réalisateur irakien Amer ALWAN qui nous présentait son long métrage Zaman, l'Homme des roseaux dans le Cinéma de la ville juste reconstruit après les inondations et commentait avec nous les 3 documentaires qu'il a tournés dans ce pays fascinant.
- En 2005 : C'était le 50éme anniversaire de la naissance d'INTERFILM à Paris, au siège de la Fédération Protestante de France où se rassemblèrent les membres de notre Association et les délégués de l'Organisme International autour d'une Table Ronde et la projection publique du film de Kenneth GLENAAN, Yasmin.
- En 2006 retour à Sommieres où furent décryptés « les Mythes au Cinéma » à travers plusieurs films : Le Seigneur des Anneaux, Matrix, Excalibur, Médée, Rois et Reines.
- En 2007, Marseille nous accueillait pour évoquer « Le Désert au Cinéma » avec des extraits de : Lawrence d'Arabie, Paris Texas, le désert des Tartares, Darat, en attendant le bonheur, Pick-Pocket, Le Grand Silence, Bab Aziz, etc...
- En 2008, au Lazaret de Sète, nous recevions le cinéaste documentariste Denis GHEERBRANT au tour du thème « Enfance et Documentaires » avec projection publique de son film La vie est immense et pleine de dangers. Ainsi que Récréations de Claire Simon, L'Age Glaciaire de Van des Keuken et de notre invité également Après.
- Et Finalement en 2009: « La Crise de la Transmission » ;
- en 2010 « Propagande et Idéologie » et
- en 2011 « Les Metiers du Cinéma ».
Citons encore, en avril 1998, la périlleuse organisation d'un séminaire international de cinéma, sollicitée par Interfilm, pour faire écho, dans le sud de la France, à une rencontre qui s'était tenue en Allemagne sur le thème « Donner une âme à l'Europe ». Nous avions choisi Nîmes, capitale du protestantisme français, en collaboration avec la Maison du protestantisme et le Sémaphore, nous proposions la projection de cinq films de nationalités différentes, ainsi qu'une table ronde animée par cinq théologiens, allemands et français, catholiques et protestants. Cinquante participants, dix nationalités différentes, venus de tout le nord de l'Europe.
Des groupes régionaux
Mais ce qui importe le plus pour nous, c'est la constitution de groupes locaux réguliers. La formule est simple : les adhérents sont invités à aller voir dans une salle d'Art et d'Essai, un ou deux films considérés comme importants et en version originale. On se rassemble ensuite chaque mois et l'on échange impressions et analyses pendant deux bonnes heures. Les sensibilités, les niveaux de compréhension, les connaissances techniques sont multiples mais nous essayons toujours d'appliquer les principes qui guident le Jury œcuménique, lequel propose un regard particulier sur les films : il distingue des œuvres de qualité artistique qui sont des témoignages sur ce que le cinéma peut nous révéler de la profondeur de l'homme et de son mystère au travers de ses préoccupations, de ses déchirures comme de ses espérances.
Aujourd'hui (2011), deux groupes fonctionnent à Montpellier, un à Paris, un à Nice-Cannes, un à Marseille, un à Nîmes. Nous en souhaiterions beaucoup d'autres dans les grandes villes et autour de ces gens qui renouvellent leur adhésion, mais hésitent à susciter autour d'eux cette régularité de la rencontre pourtant tellement facile, chaleureuse et enrichissante. Parmi les derniers titres étudiés : les deux œuvres distinguées par le Jury œcuménique, riches en sous-entendus évangéliques, Un homme sans passé de Kaurismaki et Le Fils des frères Dardenne.
Une demande grandissante
Ce qui néanmoins maintient dans l'unité cinéphilique l'ensemble des adhérents, c'est La LETTRE de Pro-Fil (voir la liste des Lettres), dont le contenu provoque l'intérêt de tous les lecteurs. Mais ce que nous n'avions pas prévu au départ, c'est que lorsqu'une machine fonctionne bien, elle est mue par une dynamique qui la pousse à aller plus loin. Ces gens qui, chaque mois, analysent en détail une œuvre, ont envie de mieux maîtriser cette analyse dans la forme comme dans le fond. C'est ainsi que maintenant, chaque groupe organise des week-ends d'approfondissement de l'image, en Normandie, en Cévennes, en Provence. Abandonnant parfois les contemporains, nous voilà décortiquant un Orson Welles, un Fritz Lang ou un Hitchcok pendant des heures.
Comme d'autre part, Pro-Fil se fait connaître et connait des directeurs de salles, nous voilà sollicités, ou sollicitant, pour des présentations publiques d'œuvres capitales avec débats. Et c'est ainsi que nous renouons inopinément avec la vieille tradition du ciné-club. Ce qui nous conduit à réfléchir à la façon de présenter un auteur et un film et ensuite d'animer un débat. Dans deux contextes différents : d'une part le petit groupe des fidèles que l'on retrouve chaque mois, mais d'autre part le public tout-venant d'une salle comme Le Sémaphore, Diagonal, le César etc. D'où la nécessité d'apprendre ce métier, ce que nous avons fait à l'occasion de deux stages, l'un à Sanary en 2001, l'autre à Cluny en 2002. Tout un travail de recherche et d'apprentissage qui nous a progressivement conduits à fabriquer des outils pédagogiques : un manuel de formation à l'animation-débat ; des fiches sur des films souvent demandés ; et un ensemble de plaquettes « Thema » proposant l'étude systématique d'un thème à deux volets : filmographique et théologique.
La publication de ces documents est désormais un service que nous pouvons rendre à tous ces animateurs et responsables d'associations qui nous consultent de plus en plus pour que nous leur fournissions des titres de films, des idées de thèmes, des conseils pratiques ou même pour que nous intervenions à l'occasion d'une soirée, d'un mini-festival ,etc...
D'un groupe informel à une rencontre en profondeur
Aujourd'hui nous avons l'impression d'être utiles ! A la Fédération Protestante, aux coordinations de l'Eglise Réformée qui nous accompagnent avec amitié, aux protestants donc, mais aussi à d'autres puisque nous rejoignent des catholiques ou des non-croyants. Ce qui était au départ le désir d'un groupe pas trop formel aux structures légères, l'intuition assez vague de parler Cinéma entre amis est devenu le lieu de rencontres humaines où se confrontent de multiples sensibilités et où se découvre ce besoin d'approfondissement personnel et de spiritualité qui habite beaucoup de nos contemporains.
Le film est l'occasion de cet approfondissement, quel que soit son message et son style. Il nous mène toujours aux limites des grandes questions que nous n'osons pas nous poser sur notre existence et dont pourtant nous avons envie de parler. Nous constatons souvent dans nos groupes qu'une bonne partie des protestants qui ne vont pas au culte, retrouvent dans nos échanges les références à cette culture d'origine à laquelle ils restent profondément attachés. Je répète souvent qu'on ne va pas au cinéma comme on va à l'église mais, comme le disait subtilement le film de Marie Jayet, on peut inventer des chemins de traverses.
Jean DOMON
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