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Entretien avec Juliane Ebner

à propos de son film Landstrich

par Waltraud Verlaguet

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WV : Bonjour, chère Juliane, on commence tout de suite par ton film ?

JE : Oui, très volontiers.

WV : Comment tu as eu l’idée ?

JE : C’est une longue histoire. J’avais le sujet en tête depuis longtemps. Puis j’ai reçu une commande. J’avais la possibilité de recevoir une subvention pour un nouveau film de la part de la collection d’art du Parlement allemand avec l’obligation que le film ait à voir avec le Parlement allemand. Et je me suis dit que c’est LA chance pour ce type de matériel. Et voilà comment le film a vu le jour.

WV : Le film est construit à partir de dessins, n’est-ce pas ?

JE : Oui, j’ai réalisé des animations à partir de dessins.

WV : Et peux-tu dire quelque chose sur l’histoire que le film raconte ?

JE : Le film raconte l’Histoire allemande entre la République de Weimar et la chute du mur. Et il la raconte à travers l’histoire d’une famille.

WV : Et comment tu as trouvé le matériel ?

JE : Tu veux dire l’histoire ?

WV : Non, les dessins ?

JE : Ça c’est facile, ils sont de moi.

WV : Oui, parce qu’au départ tu es artiste !

JE : Oui, je viens des Beaux-Arts, je dessine et je peins, ce qui me donne la possibilité de travailler sans casting et de bricoles mes personnages et mes décors moi-même. Je trouve formidable de travailler avec des images animées parce qu’on a toute liberté de penser très librement à ce qu’on a envie de faire sans être limité par le contexte réel, comme la gravitation ou la protection contre l’incendie.

WV : Tu n’as pas fait d’études d’histoire ?

JE : Non, je n’ai pas fait d’études d’Histoire mais j’ai vécu l’Histoire.

WV : Mais pas depuis la République de Weimar…

JE : Non, pas depuis la République de Weimar, mais j’ai vécu la chute d’une dictature, et j’ai compris à un moment donné que quelque chose qu’on a intégré dans sa vie personnelle, que ce sont ces moments-là qui font l’histoire. Et je me suis dit, c’est exactement de ça qu’il s’agit.

WV : Où as-tu habité quand le mur est tombé ?

JE : Lors de la chute du mur j’étais à Dresde.

WV : Et tu as aussi fait des études de théologie.

JE : Oui, j’ai fait plus tard quelques unités en théologie.

WV : Et tu as participé aux marches dans les rues de Dresde.

JE : Oui, à cette époque j’ai fait des études de musique sacrée à Dresde et je suis heureuse d’avoir été dans la rue à partir du 4 octobre 1989.

WV : Tu peux nous parler de tes autres films ? Ou plutôt restons encore avec celui-ci, il a gagné tant de prix, c’est impressionnant. Raconte-nous la vie de ce film à travers les festivals.

JE : La première chose que je dois dire à ce propos, c’est que ça me paraît comme un petit miracle, car quand j’ai réalisé ce film je ne pensais nullement qu’il allait obtenir une telle audience. Je pensais que c’était quand même du matériau un peu rugueux, une histoire un peu encombrante. Mes animations ne sont pas vraiment limpides, souples. Le film vit du fait qu’il demande constamment trop. Il s’agit d’une histoire très compacte et je ne voulais pas la raconter de façon fluide parce qu’il s’agit de cette douleur, ce moment de l’insupportable. J’étais d’autant plus étonnée que ce film a été reçu alors qu’il n’est vraiment pas facile. Et donc il a fait son chemin de façon merveilleuse à travers les festivals et j’étais émerveillée qu’il a été vu, reçu et compris, que ce soit en Inde, au Paraguay… Et j’y ai compris quelque chose, à savoir que les grands thèmes sont intéressants indépendamment du pays ou du lieu où ça s’est passé.

WV : Quelques mots sur tes autres films ?

JE : Je crois qu’en fait, les thématiques sont toujours les mêmes, ceux qui nous importent : comment les générations sont liées entre elles ? qui sommes-nous ? Comment définissons-nous l’identité ? Et comment nous situons-nous par rapport aux autres, par rapport à nos voisins ? Comment fonctionnent les contacts entre humains ? Je pense que mes films tournent toujours autour de ces questions-là - travers des histoires différentes. Une fois il s’agit de l’enfance sous une dictature, ça a toujours à voir avec ces thématiques-là et c’est une question universelle. Ou il s’agit de la vie dans une société qui s’effondre et doit se reformer sur de nouvelles bases. J’ai vécu cela après la chute du mur, mais comme j’ai pu me rendre compte maintenant, ce phénomène se reproduit un peu partout toujours à nouveau de façon comparable.

WV : Et ton nouveau projet ?

JE : Bonne question. Je suis effectivement en plein dans mon nouveau film. Je suis au stade de l’écriture et il va s’agir de la guerre des Balkans. Pour moi c’était la suite logique après mon travail sur Landstrich qu’on va voir maintenant, de me demander qu’est-ce qu’il en est d’un génocide qui se passe sur le sol européen à l’époque où moi je suis adulte.

WV : J’ai hâte de le voir et j’espère qu’on le verra aussi à Montauroux ?

JE : Je postule très volontiers. Donc il faut qu’il soit fini d’ici là. Mais il a déjà un titre : il s’appellera Durchgangslage.

WV : Merci beaucoup, Juliane.

JE : Merci.

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