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© Pro-Fil

Louis Hofmann

Né le 3 juin 1997 à Mönchengladbach - Allemagne

Extrait de sa filmographie

Prix

Entretien avec Louis Hofmann

dans le cadre de la manifestation Face to Face with German Films lors du Festival de Cannes 2017

par Waltraud Verlaguet

Réalisation : Catherine Verlaguet

Sous la vidéo : la traduction de l'intégralité de la transcription de l'entretien.

De larges extraits sont intégrés, ensemble avec ceux des entretiens avec Ronald Zehrfeld, Volker Bruch et Alexander Fehling, dans une vidéo soustitrée.

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Waltraud Verlaguet : Bonjour, merci pour cet entretien. Vous êtes encore très jeune. Comment êtes-vous arrivé chez WDR-service ?

Louis Hofmann : Bien recherché. Une amie de ma mère y a travaillé comme réalisatrice, c’est elle qui avait eu l’idée de cette émission. C’est d’abord toute notre famille qui s’y est mis parce qu’il fallait quelqu’un pour sauter dans la brèche. Cela m’a beaucoup plu et j’ai demandé si je pouvais continuer, ça a été accepté et j’ai fait ça pendant 2 ans une fois par mois. J’ai silloné la région en évaluant différentes choses.

WV : Comment ça pouvait se marier avec la scolarité ?

LH : Ce n’était que le week-end. J’ai fait ça de 9 à 11 ans, puis j’ai postulé dans une agence, j’ai été pris et c’est là qu’ont commencé les problèmes avec l’école. Il fallait toujours demander d’être dispensé de cours pendant les tournages. La première fois où j’ai dû abandonner l’école pendant un certain temps c’était pour Tom Sawyer (2011), ça a duré presque trois mois. Au début j’étais très fier de pouvoir dire que j’étais dispensé d’école, mais j’avais un professeur sur place, je n’étais pas totalement abandonné.

WV : En tout cas, c’était un beau succès, ce film.

LH : On peut dire ça.

WV : Vous avez commencé d’emblée à jouer. Est-ce que vous avez eu une formation ?

LH : Non, pas du tout.

WV : Vous vous êtes juste jeté à l’eau.

LH : Exactement.

WV : Comment était votre collaboration avec Edgar Selge qui a joué votre père ?

LH : Super.

WV : Vous avez appris des choses de lui ?

LH : Ce que j’ai pu observer chez lui c’était une grande sérénité et une grande précision. Vis-à-vis de moi il ne m’a pas pris de haut ce qu’il aurait pu vu la différence d’âge et son expérience, il m’a toujours pris au sérieux et j’ai souvent pensé « quand je serai plus âgé je voudrai faire pareil. » Cela m’arrive déjà quand je tourne avec des enfants de 10-12 ans. Je fais très attention de les prendre au sérieux. Mais j’ai pratiquement toujours fait cette expérience que même des personnes très expérimentées m’ont traité d’égal à égal.

WV : Vous avez gagné plusieurs prix pour votre rôle dans Les oubliés, comment vous vous êtes préparé à ce rôle.

LH : C’est basé sur une histoire vraie. Malheureusement on n’avait pas la possibilité de parler avec des soldats de cette époque, soit parce qu’on n’a pas pu les retrouver, soit parce qu’ils ne voulaient pas en parler. Il s’agissait donc surtout de coller au plus près à la vision du réalisateur du rôle, on a donc répété pas mal avec mes collègues, avec Roland Møller et Mikkel Boe Folsgaard. Les deux premières semaines on avait les scènes où il fallait déterrer les mines, les porter quelque part, courir le long de la place, donc peu de dialogues. On avait alors le temps de trouver le ressenti des personnages. Martin Zandvliet a beaucoup insisté et petit à petit m’a amené à jouer comme lui le voulait. J’en suis très heureux, car il y a des réalisateurs qui sont plus faciles à contenter, alors que lui m’a vraiment poussé jusqu’à ma limite.

WV : D’autant que c’est un rôle difficile.

LH : Oui. Ce qui était particulièrement difficile pour moi c’était de trouver cette prudence, cette lenteur extrême des gestes, et de penser toujours à la juste attitude dans une telle situation. Or, moi je suis plutôt nerveux et je bouge, alors que Sébastien, le rôle que j’incarnais, contrôlait au maximum ses gestes, et pour moi c’était un vrai défi de rendre ce calme-là.

WV : Les prix que vous avez reçus pour ce rôle sont en tout cas totalement mérités. Après cela vous avez joué Hans Quangel dans Seul dans Berlin. C’est une histoire qui se situe encore un peu plus tôt dans l’Histoire. Quel est la position de quelqu’un de si jeune comme vous face à l’Histoire compliquée de l’Allemagne ?

LH :br> Je me rends toujours compte que c’est très loin pour moi. C’est déjà le cas quand je parle avec des personnes de 35 ans sur la chute du mur. Je suis né 8 ans après la chute du mur, cette histoire ne me concernait pas, d’autant que j’ai grandi à l’Ouest. Alors l’histoire du IIIe Reich, c’est de la préhistoire pour moi. J’aime bien écouter ma grand-mère quand elle en parle, comment ils se sont enfuis etc, cela m’enrichit et me rapproche un peu de cette histoire parce que ça me parle plus, mais ce que je lis dans les livres d’Histoire est très loin pour moi et je ne pourrai probablement jamais vraiment comprendre ce que ça voulait dire à l’époque. Je fais de mon mieux, mais c’est malgré tout très loin. Ces histoires, comme dans  Les oubliés ou Das Zeugenhaus (Matti Geschonneck, 2014) qui traite des procès de Nuremberg, me rapprochent un petit peu plus de ce qui s’est passé et me permettent de comprendre un peu mieux.

WV : D’où votre grand-mère a-t-elle dû fuir ?

LH : De Berlin-Est.

WV : Pourquoi les Allemands vont si peu au cinéma ?

LH : Trop de soleil ? Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi cela les intéresse si peu. Même le streaming illégal a régressé par rapport à quelques années en arrière. Je ne sais pas si c’est de la paresse ou, et je pencherais plutôt pour cette hypothèse, que c’est juste un manque d’intérêt pour le cinéma allemand. C’est pourquoi nous faisons cette campagne pour inciter un peu les gens d’aller au cinéma. Et puis ce sont surtout les blockbusters hollywoodiens qui attirent les gens.

WV : Que peut-on faire ? C’est énorme que les films allemands sont mieux connus en France qu’en Allemagne !

LH : C’est vrai. Les oubliés ont fait 13000 entrées en Allemagne, en Italie 40000 le premier week-end, en France ce fut un grand succès… Au Danemark... Je ne sais pas à quoi c’est dû, peut-être juste l’ignorance. Il est très difficile de susciter l’intérêt des gens, surtout des Allemands. Ils sont tous très sceptiques, et si une bande d’annonce n’arrive pas à les persuader à 100% il est difficile d’amener le spectateur au cinéma. S’y ajoute un scepticisme général envers le cinéma allemand, car les gens sont habitués aux films américains et c’est un autre langage, tout y est plus grand – comme cela ne saurait exister dans la vraie vie – ces dialogues, ces émotioins…! Mais on en prend l’habitude, et puis les dialogues allemands semblent peut-être moins bons.

WV : Oui, mais il n’y a pas de cinémas non plus. Dans beaucoup de petites villes il n’y a plus aucune salle.

LH : C’est vrai. Là les petits films n’ont aucune chance. Il faudrait peut-être 800 à 1000 copies. Je crois que La Belle et la Bête est sortie avec 1000 copies. Il y a pas mal de films en Allemagne, mais…

WV : Et vous personnellement ? Est-ce que vous allez plutôt au cinéma ou vous regardez les films plutôt sur votre ordinateur ?

LH : Je voudrais revenir à la question pourquoi les gens ne vont pas au cinéma. Je crois que c’est aussi une question des distributeurs. Ils pensent que dès lors qu’un film n’a pas un potentiel financier évident, ils n’osent pas le prendre. Les oubliés n’a pas vraiment eu sa chance, donc ce n’est pas une surprise que personne ne va le voir. Moi j’ai Netflix et Amazon et je regarde des films aussi à la maison, mais aller au cinéma c’est quand même une autre expérience. Le chef de Cinéstar, Oliver Fock, m’a fait un super-cadeau à l’occasion de la Berlinale, il m’a offert une carte de membre d’honneur de Cinéstar qui me permet d’aller gratuitement voir tous les films dans ces cinémas ce qui fait que j’y vais beaucoup plus souvent. Et j’adore aller au cinéma. C’est un beau rituel.

WV : Quels sont vos plans ? Est-ce que vous aimeriez passer à la réalisation ?

LH : Pas encore. A 17 ans j’ai tourné un film pour l’école, mais c’était autre chose. Je ne me sens pas prêt pour ça je pense. Je suis en tant qu’acteur dans une position passive, il faut travailler bien sûr, mais le réalisateur vous montre le chemin, et je me sens très bien dans cette position. Donc pour l’instant je veux vraiment rester acteur, ou plutôt approfondir mon jeu. Parfois j’ai l’impression d’être encore un débutant malgré le fait que j’exerce cette profession depuis 10 ans. Mais passer à la réalisation ce serait un peu précipité maintenant.

WV : Merci beaucoup.


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