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Fiche technique :

Réalisation et réalisation : Feo Aladag - Image : Judith Kaufmann - Son : Jörg Kidrowski - Montage : Andréa Mertens - Musique : Max Richter, Stéphane Moucha - Distribution : Wild Bunch Distribution.

Avec :

Sibel Kekilli (Umay), Nizam Schiller (Cem), Settar Tanriögen ( Kader,le père de Umay), Derya Alabora (Halime, la mère de Umay), Tamer Yigit (Mehmet, le frère aîné de Umay), Serhad Can (Acar, le frère cadet de Umay) Née à Vienne en 1972, Feo Aladag fait d’abord des études d’art dramatique, de communication et de psychologie avant de travailler comme journaliste indépendante. Depuis 1998, tout en réalisant des clips publicitaires et en tournant comme actrice dans de nombreux films, elle écrit des scénarios pour la télévision. En 2005, elle crée avec Zuli Aladag une société de production installée à Berlin : Independent Artists Filmproduction. L’étrangère est son premier film. Umay est une jeune femme turque d’origine allemande habitant Istanbul. Mariée à Kemal, un homme violent qui la bat ainsi que son fils Cem, un petit garçon de huit ans, elle décide de regagner l’Allemagne avec ce dernier. Mais l’accueil de ses proches à Berlin n’est pas celui qu’elle espérait. On la traite de putain, on l’accuse de déshonorer sa famille. Pour ne pas céder, elle est obligée de fuir de chez elle. Mais ses frères ne cessent de la poursuivre pour venger l’honneur sali de la famille, jusqu’au drame final. Autant le dire tout de suite, L’étrangère fait partie de ces films que l’on rejette d’emblée ou par lequel on se laisse saisir. Ou bien l’on refuse le torrent d’événements à la fois attendus et improbables qui emportent son héroïne, et que Feo Aladag filme avec une sobriété sèche qui peut souvent apparaître comme simpliste et cousue de fil blanc. Ou bien - et c’est le choix que je fais ici - on est pris à la gorge et au cœur par les explosions successives de la machine infernale mise en marche par Umay, et l’on accompagne la jeune femme en croisant les doigts et en retenant son souffle jusqu’au dernier acte de sa tragédie. Car L’étrangère est une tragédie, et Umay une sorte d’Antigone : le même refus d’un ordre des choses imposé par la société. Et, sous une apparence fragile, la même détermination farouche et inflexible. L’étrangère se déroulant à l’intérieur d’une communauté turque, on peut y voir une condamnation de la condition de la femme dans cette culture. Toutefois, dépassant ce cadre, son sujet de fond est d’ordre universel : ce dont parle avant tout Feo Aladag, c’est du déchirement de l’individu écartelé entre les contraintes imposées par la société et ses propres sentiments. Entre la loi de la cité et la loi du cœur. Déchirement du père, un brave homme qui aime sa fille et qui pourtant se sent contraint à la rejeter. Déchirement muet de la mère, silencieusement complice de la bannie. Déchirement du frère qui éclate en sanglots au moment où son bras porte le coup fatal de la vengeance. Et surtout, déchirement de Umay qui, tout en ayant fait ce choix d’être libre, ne cesse de tendre la main à sa famille par dessus la faille ouverte. La conclusion est à la fois navrante d’absurdité et porteuse d’espoir : il s’en serait fallu de si peu pour qu’une autre main saisisse la sienne. (

L'étrangère

Allemagne, 2011, 119min.
Prix du jury oecuménique Kiev 2010

Réalisation : Feo Aladag

Biographie :

li (Umay), Nizam Schiller (Cem), Settar Tanriögen ( Kader,le père de Umay), Derya Alabora (Halime, la mère de Umay), Tamer Yigit (Mehmet, le frère aîné de Umay), Serhad Can (Acar, le frère cadet de Umay) Née à Vienne en 1972, Feo Aladag fait d’abord des études d’art dramatique, de communication et de psychologie avant de travailler comme journaliste indépendante. Depuis 1998, tout en réalisant des clips publicitaires et en tournant comme actrice dans de nombreux films, elle écrit des scénarios pour la télévision. En 2005, elle crée avec Zuli Aladag une société de production installée à Berlin : Independent Artists Filmproduction. L’étrangère est son premier film.

Résumé :

Umay est une jeune femme turque d’origine allemande habitant Istanbul. Mariée à Kemal, un homme violent qui la bat ainsi que son fils Cem, un petit garçon de huit ans, elle décide de regagner l’Allemagne avec ce dernier. Mais l’accueil de ses proches à Berlin n’est pas celui qu’elle espérait. On la traite de putain, on l’accuse de déshonorer sa famille. Pour ne pas céder, elle est obligée de fuir de chez elle. Mais ses frères ne cessent de la poursuivre pour venger l’honneur sali de la famille, jusqu’au drame final.

Analyse :

Autant le dire tout de suite, L’étrangère fait partie de ces films que l’on rejette d’emblée ou par lequel on se laisse saisir. Ou bien l’on refuse le torrent d’événements à la fois attendus et improbables qui emportent son héroïne, et que Feo Aladag filme avec une sobriété sèche qui peut souvent apparaître comme simpliste et cousue de fil blanc. Ou bien - et c’est le choix que je fais ici - on est pris à la gorge et au cœur par les explosions successives de la machine infernale mise en marche par Umay, et l’on accompagne la jeune femme en croisant les doigts et en retenant son souffle jusqu’au dernier acte de sa tragédie. Car L’étrangère est une tragédie, et Umay une sorte d’Antigone : le même refus d’un ordre des choses imposé par la société. Et, sous une apparence fragile, la même détermination farouche et inflexible. L’étrangère se déroulant à l’intérieur d’une communauté turque, on peut y voir une condamnation de la condition de la femme dans cette culture. Toutefois, dépassant ce cadre, son sujet de fond est d’ordre universel : ce dont parle avant tout Feo Aladag, c’est du déchirement de l’individu écartelé entre les contraintes imposées par la société et ses propres sentiments. Entre la loi de la cité et la loi du cœur. Déchirement du père, un brave homme qui aime sa fille et qui pourtant se sent contraint à la rejeter. Déchirement muet de la mère, silencieusement complice de la bannie. Déchirement du frère qui éclate en sanglots au moment où son bras porte le coup fatal de la vengeance. Et surtout, déchirement de Umay qui, tout en ayant fait ce choix d’être libre, ne cesse de tendre la main à sa famille par dessus la faille ouverte. La conclusion est à la fois navrante d’absurdité et porteuse d’espoir : il s’en serait fallu de si peu pour qu’une autre main saisisse la sienne.

Jean Lods

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