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Réalisation : et scénario: Paolo et Vittorio Taviani(en collaboration avec Fabio Cavalli) - Direction photo : Simone Zamapagni – Montage : Roberto Perpignani - Musique : Giulana Taviani et Carmelo Travia - Distribution : Bellissima Films
Avec :
Cosimo Rega (Cassius), Salvatore Striano (Brutus), Giovanni Arcuri (César), Antonio Frasca (Marc Antoine), Juan Dario Bonetti (Decius), Vittorio Parella (Casca), Rosario Majorana (Metellus), Vincenzo Gallo (Lucius), Francesco De Masi (Trebonius)
Paolo et Vittorio Taviani sont les deux inséparables réalisateurs des inoubliables Allonsanfan (1974), Padre Padrone (1977), Kaos (1984), Good morning Babylonia (1987) plus récemment Les affinités électives (1996), Kaos II (1998) ;et enfin, Luisa Sanfelice (2004), Le mas des alouettes (2006) passés inaperçus – reviennent avec un film majeur qui a très justement reçu l’Ours d’Or à Berlin en 2012.
Résumé :
Le lieu : une prison italienne (Rebibbia à Rome) et des hommes condamnés à de lourdes peines. L’argument : un metteur en scène de théâtre Fabio Cavalli monte une adaptation de Jules César de Shakespeare, dont les acteurs sont des prisonniers. Il y a dans cette prison, un « Laboratoire de théâtre » dirigé par Fabio Cavalli.
Documentaire sur la vie carcérale, fiction, théâtre filmé ? un peu de tout cela, harmonisé par les réalisateurs, pour notre étonnement et notre empathie.
Analyse :
L’idée de filmer dans une prison est arrivée fortuitement aux frères Taviani, invités par une amie à assister à un spectacle des détenus de Rebibbia. Ils en ont ressenti une telle émotion qu’est née l’idée de faire un film, et ils ont pensé à Jules César, dont l’action se passe à Rome. Après une scène qui se situe à la fin de la pièce, nous assistons à une séquence de casting, et découvrons la diversité italienne, surtout des peuples du Sud : romains, napolitains, siciliens – qui parlent leur dialecte. Moments de vie truculents, émouvants.
Ces assassins qui ont commis des crimes de sang, les voilà devant nous, ce sont des hommes cependant, il faut les accepter dans leur humanité, malgré l’annonce impressionnante, pour quelques-uns d’entre eux, de la longueur des peines : huit ans, 12 ans, 20 ans, la perpétuité ! Par la grâce de Shakespeare et surtout des cinéastes, ils deviennent autres, des acteurs d’un genre particulier. Et pourquoi ? parce que ces hommes jouent en réalité leur vie. Les propos de Cassius, de Brutus, de César résonnent de vérité, exhalent l’expérience de toute leur vie passée, évoquent l’attente d’une vie meilleure, d’une libération possible. Le texte original en italien est ponctué de remarques personnelles, mais on a du mal à distinguer les deux langages, car les répétitions se font tout au long de la journée, dans les cellules, dans une cour exiguë (où César est tué). De la représentation publique, on ne verra que peu de scènes, tout l’essentiel se passe dans les coulisses, dans ce hors champde la scène de théâtre. C’est le miracle de la caméra de nous faire accéder à ce monde d’acteurs prisonniers. Le théâtre serait-il un mode de réinsertion dans la vie sociale ? Celui qui est Cassius dans la pièce se tourne vers la caméra et nous dit : « Depuis que j’ai connu l’art, ma cellule est devenue une prison ». C’est la phrase la plus bouleversante de tout le film. Les murs de la prison, les grilles, les barrières cadenassées ne peuvent étouffer l’air de liberté qui danse dans les cellules et les couloirs.
Alain Le Goanvic
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