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Avec :
Sabine Azema (Kathryn) – Sandrine Kiberlain (Monica) – Caroline Silhol (Tamara) – André Dussolier (Siméon) – Hippolyte Girardot (Colin) – Michel Vuillermoz (Jack)
Né le 3 juin 1922, Alain Resnais s’est éteint le 1er mars 2014 à l’âge de 91 ans. Aimer, boire et chanter sera donc son dernier film. Il a d’abord réalisé, entre 1946 et 1958, une trentaine de courts et moyens métrages dont le plus célèbre Nuit et brouillard, sur les camps de concentration. S’inscrivant dans la Nouvelle Vague avec ses premiers films Hiroshima mon amour (1959), L’Année dernière à Marienbad (1961) et Muriel (1963), il aborde ensuite des genres variées avec une certaine prédilection pour le théâtre (Mélo, Smoking / No Smoking) et la volonté de toujours mettre en valeur ses acteurs qui lui sont très fidèles. Ses derniers films mêlent une certaine gravité dans le sujet (réflexion sur le temps qui passe et sur la mort) et une grande légèreté dans la forme.
Résumé :
Dans la campagne anglaise du Yorkshire, la vie de trois couples est bouleversée pendant quelques mois par le comportement énigmatique de leur ami George Riley, atteint d’un cancer et dont les jours sont comptés. Son médecin Colin et sa femme Kathryn persuadent George de se joindre à eux dans la pièce de théâtre qu’ils répètent avec leur troupe amateur, dans la riche demeure de Jack, le meilleur ami de George. Très vite, George exerce une étrange séduction sur les trois femmes : Monica, son ex épouse qui vit avec le fermier Siméon, Tamara, la femme de Jack, et Kathryn. Laquelle George Riley emmènera-t-il en vacances à Tenerife ?
Analyse :
Le film a reçu au dernier Festival de Berlin le Prix Alfred Bauer pour « un film qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique ». Bel hommage pour un cinéaste nonagénaire qui a toujours revendiqué une grande liberté dans la mise en scène, et hommage justifié si l’on considère la fantaisie avec laquelle Alain Resnais s’abstrait totalement du réalisme en mêlant quatre formes d’images : des vues en décor naturel de la campagne anglaise, des dessins de Blutch, des décors de théâtre très schématisés, faits de fausses plantes et de grands panneaux de tissu peints devant lesquels évoluent les personnages, et de curieux fonds blancs quadrillés de noir pour des gros plans de visages. Autre originalité, le triomphe du hors champ puisque le personnage principal, George, qui tire les ficelles, n’apparaît jamais.
Le film est tiré d’une pièce, Life of Riley, du dramaturge anglais Alan Ayckbourn, dont Resnais avait déjà adapté deux pièces pour Smoking / No Smoking et pour Cœurs. Comme son film précédent, Vous n’avez encore rien vu, c’est une méditation sur la nostalgie et le passage du temps, l’amour et la mort. Ce thème de l’amour et de la mort traverse toute l’œuvre d’Alain Resnais, de son premier film, Hiroshima mon amour, où la mort est très présente mais collective et distante, en passant par L’Amour à mort, film où l’amour est passion et la mort un déchirement, jusqu’à ses derniers films, plus légers, plus apaisés, comme si l’approche de la mort n’était plus aussi terrifiante pour ce réalisateur de 90 ans.
A la fois œuvre testamentaire et vaudeville, Aimer, boire et chanter n’est sans doute pas le plus grand film d’Alain Resnais mais le spectateur trouvera un grand plaisir dans cette comédie brillante et inventive où le désarroi des personnages est si joyeusement mis en scène.
Jacques Champeaux
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