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Réalisation : Karim Dridi - Scénario, Karim Dridi - Image, Patrick Ghiringhelli - Montage, Monique Dartone - Distribution France, Pyramide Distribution
Avec :
Sofian Khammes (Sofiane), Foued Nabba (Reda), Zine Darar (Marteau), Slimane Dazi (le père), Simon Abkarian (le Libanais)
Karim Dridi, Tunisien de mère française, est né en 1961. Après quelques années de courts métrages, ses deux premiers longs sont sélectionnés en 1995 à Venise (Pigalle) et Cannes-Un certain regard (Bye-bye). Suivent des documentaires et plusieurs fictions, dont Khamsa (2008), second volet après Bye-Bye de la trilogie marseillaise que clôture Chouf. Le réalisateur est aussi scénariste de tous ses films.
Résumé :
Sofiane, étudiant à Lyon, revient pour quelques jours de vacances dans sa famille. Dans la cité où il a grandi, ses potes le charrient pour son allure 'venu d'ailleurs'. Mais son jeune frère, engagé dans des trafics, est exécuté. Sofiane se sent obligé de se mêler de la vengeance...
Analyse :
Cet efficace film noir, où presque tous sont méchants et les bons ne gagnent pas, se déroule dans une cité marseillaise des Quartiers Nord et reproduit tous les clichés du genre. L'histoire du gentil jeune homme en passe de s'extraire, par son comportement constructif, du milieu sinistré de son enfance, et qu'une panique identitaire amène à y replonger pour s'y perdre, est conduite à un rythme enlevé, nourrie de détails savoureux ou angoissants, et peuplée de personnages pittoresques dont l'ambiguïté alimente un suspense souvent relancé. Ambiguïté qui s'exprime notamment dans la 'solidarité familiale', dont l'imprécision des limites fait partie du jeu, et qui est prétexte à de constantes et tonitruantes affirmations auxquelles succèdent sans prévenir agressions et brutalités parfois mortelles.
Le film présente aussi une forte connotation documentaire, revendiquée par son réalisateur : le personnage du 'rôtisseur', les jeux des gamins avec les kalachnikovs, le zèle du nouveau préfet de police, et bien sûr tout le contexte des trafics de drogues qui alimentent flamboyance des voyous et assassinats entre bandes rivales, tout cela se retrouve aisément dans la chronique policière et médiatique de ces cités. Le langage est un autre marqueur abondamment mis en œuvre, l'argot des banlieues étant fréquemment mêlé à des échanges en arabe ou autre, que seuls certains spectateurs peuvent suivre. Et les touches d'une société majoritairement musulmane sont très présentes, mais ce n'est pas le sujet de ce film-là.
Après Bye-Bye et Khamsa, Karim Dridi dit avoir voulu témoigner de l'abandon dans lequel sont laissées ces populations de banlieue, et le rap de Bengous qui introduit le film pendant le générique n'a pas d'autre sujet. On peut douter que les moyens employés répondent à ce but : ce film, en ne documentant que la violence et le crime à l'œuvre dans les milieux qu'il décrit, ne fait que renforcer l'image haïssable qu'en donnent à longueur d'année reportages sensationnels et discours sécuritaires. Il semble oublier que les voyous et les imbéciles qu'il dépeint ne sont, là comme ailleurs, qu'une minorité (certes ici beaucoup trop virulente) et que la masse de la population mériterait que son combat quotidien pour tailler sa route dans la vie ne soit pas toujours passé sous silence. Les quelques portraits de femmes - la mère, la sœur, l'amie de Sofiane - vont heureusement dans ce sens.
Jacques Vercueil
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