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Réalisation : Aki Kaurismaki - Scénario : Aki Kaurismaki - Chef opérateur : Timo Salminen - Chef éclairagiste : Olli Varja – Monteur : Samu Heikkilä - Chef décorateur : Markku Pätilä - Costumes et Son : Tero Malmberg - Co-production : Oy Bufo AB, Pandora Film – Distribution : Diaphana
Avec :
Sherwan Haji (Khaled), Sakari Kuosmanen (Wikström), Ilkla Koivua (Calamnius), Janne Hyytiäinen (Nyrhinen), Nuppu Koivu (Mirja), Simon Hussein Al-Bazoon (Mazdak)
Après une étroite collaboration avec son frère Mika, Aki Kaurismaki a réalisé depuis 1981 une quinzaine de films qui promeuvent avec émotion et humour l’esprit de solidarité et d’entraide. Après deux trilogies, sur le prolétariat puis sur les perdants, la 3ème est consacrée aux villes portuaires hantées par les migrants. Inaugurée avec Le Havre -prix du Jury Œcuménique à Cannes en 2011- elle se poursuit avec ce dernier film, Ours d’argent du meilleur réalisateur à Berlin.
Résumé :
A Helsinki deux destins se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.
Analyse :
Deux individus solitaires au passé très différent mais qui cherchent tous deux une vie meilleure se rencontrent, et contre toute attente s’adoptent : Khaled a fui la Syrie quand un missile a tué toute sa famille sauf sa sœur dont il a perdu la trace à la frontière serbe; Wikström rachète la gérance d’un restaurant dont les trois employés - un cuisinier, un portier et une serveuse- n’étaient plus payés. Dès lors se déploie une extraordinaire fable à la fois glacée -l’impassibilité finlandaise- et chaleureuse -les actes discrets de fraternité-, imprégnée d’un humour pince sans rire omniprésent et tissée d’une infinité de détails visuels -gros plans de visages ou d’objets, cadrages-, qui émaillent les très nombreuses scènes dramatiques ou comiques que le scénario enchaîne. Certes Khaled est repéré et pourchassé par des « vrais finlandais » racistes et antisémites, mais, à commencer par Wikhström qui le nourrit, l’habille, le cache et lui donne du travail, il y a tous les autres « gens bien » comme il qualifie sobrement ceux qui lui portent secours avec discrétion et efficacité et qui donnent envie de croire en l’Homme. La mise en scène minimaliste de l’auteur exalte l’absurde des situations que souligne le parti-pris de déréalisation -couleurs saturées, objets désuets, bande son rock-a-billy, direction d’acteurs décalée, plans rigoureusement composés. Poétique et engagé comme le furent en leur temps un Brassens ou un Chaplin, Kaurismaki ne nous gave pas de bons sentiments mais nous fait voir, habillées d’humour, des actions bonnes.
Jean-Michel Zucker
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