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Avec :
Adriano Tardiolo (Lazzaro), Alba Rohrwacher (Antonia âgée), Tommaso Ragno (Tancredi âgé), Luca Chikovani (Tancredi jeune), Sergi Lopez (Ultimo)
Née à Fiesole (Italie) en 1980, Alice Rohrwacher a étudié à Turin les techniques de narration, la philosophie et littérature italienne. En 2014 son film Les merveilles a obtenu le Grand Prix au Festival de Cannes, Meilleur Film au Film fest Munchen, Meilleur scénario au Festival Mar del Plata. En 2011, Corpo Celeste a eu le Prix Ingmar Bergman du meilleur premier film européen au Festival de Göteborg (2012).
Résumé :
Lazzaro est un adolescent orphelin, serviable et sans malice, vivant dans une communauté de paysans au service d'une marquise qui exploite leur ignorance des lois. Sa vie change lorsqu'il rencontre Tancredi, le fils fantasque de la patronne, qui le traite comme un demi-frère.
Analyse :
Heureux les pauvres en esprit...
Prix du scénario au Festival de Cannes 2018, le film Heureux comme Lazzaro a déconcerté de nombreux critiques. La première partie est basée sur un événement choquant, réel et actuel : une marquise d’Italie centrale avait profité de l’isolement de ses terres pour maintenir dans l'ignorance de leurs droits les paysans qui y travaillaient, et les garder en situation de servage.
Ce fait divers, qui permet à la réalisatrice de tourner des séquences paysannes dans lesquelles elle est toujours excellente, n'est que le support d'un discours surprenant autour d'un personnage naïf, bon au point d'être incapable de soupçonner des intentions mauvaises chez un quelconque interlocuteur.
Le développement du récit, quelque peu erratique, laisse penser que, outre la référence aux Béatitudes contenue dans le titre, on peut l'interpréter comme la dénonciation d'un monde de communication d'où les plus faibles sont bannis.
Quelques indices pour étayer cette hypothèse : le pont écroulé et la peur d'un passage à gué, peur entretenue par la propriétaire, maintenant ainsi hors du temps cette communauté paysanne d'une cinquantaine de personnes ; la surprenante amitié condescendante de Tancredi pour Lazzaro à qui il doit toujours préciser, pour se faire comprendre après une de ses remarques inquiétantes : « C'est une blague » ; le loup solitaire plus ou moins protecteur de Lazzaro qui répond à l'appel des deux adolescents dans leur repaire de rochers ; l'image d'une énorme implantation de relais de télécommunications surmontés de lumières rouges clignotantes et inquiétantes ; les roueries des paysans devenus citadins de bidonville pour vendre les marchandises volées à la marquise à des gogos attendris ; et surtout, à la fin du film, la scène du dramatique dénouement à la banque s'appuyant sur un quiproquo.
La résurrection de Lazzaro dans la montagne, plusieurs années après une chute mortelle, est-elle un prétexte pour le rendre plus vulnérable encore dans un monde qu'il ne comprend pas ? Il est difficile de trouver pertinente cette allusion surprenante à l'Evangile de Jean. Peut-être souligne-t-elle simplement la pureté de cœur du jeune homme qui évoque Nazarin dans le film de Bunuel.
Nicole Vercueil
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