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Avec :
Adèle Haenel (Yvonne) ; Pio Marmaï (Antoine) ; Audrey Tautou (Agnès) ; Vincent Elbaz (Jean) ; Octave Bossuet (Théo)
Né en Tunisie, Pierre Salvadori suit à Paris des cours de cinéma et de théâtre. Il débute dans des cafés-théâtres, puis écrit quelques scénarios. Son premier scénario de film (1989) est celui de Cible émouvante (1993), joué par Jean Rochefort, Guillaume Depardieu et Marie Trintignant ; son premier film, Les Apprentis, est déjà une comédie à succès suivie de Comme elle respire (1998). Il restera fidèle à ses comédiens du début, en particulier Audrey Tautou : Hors de prix (2006), De vrais mensonges (2010), et En liberté ! (2018).
Résumé :
Yvonne, inspecteur de police, vit avec son fils Théo. Jean Santi, le père officier de police, est mort en héros et sa femme entretient chez Théo le culte du défunt en lui racontant des histoires rocambolesques le soir pour s'endormir. Mais Yvonne découvre que son mari était un ripoux qui a envoyé en prison un innocent à sa place.
Analyse :
Le titre du film reflète non seulement la remise en liberté, au début du film, d'Antoine détenu par erreur, mais surtout la liberté de ton et l'énergie féroce et caustique qui s'en dégage. Le tempo est parfaitement réussi, aucun gag n'est approximatif, il sonne juste.
Le personnage d'Yvonne, reposant sur les épaules d'Adèle Haenel, à la fois joue à l'ange gardien d'Antoine avec une candeur redoutable en lui répétant qu'il a toujours raison dans sa soif de vengeance, mais aussi s'attache à détruire l'image du père, qu'elle avait soigneusement construite jusqu'alors, en utilisant les mêmes moyens : les belles histoires policières violentes du coucher de l'enfant dérapent de plus en plus, le laissant stupéfait. Le lieu des exploits comme de la déchéance de Jean est imaginé par Théo dans sa propre maison où les perceurs de coffres-forts qui enfoncent la porte de sa chambre s'attaquent au micro-onde dans la cuisine.
Une invraisemblance du scénario, ou bien une naïveté outrancière, ou peut-être les deux à la fois mais qui servent bien le comique de situation, laissent ignorer à Yvonne que les précieuses émeraudes, comme la villa luxueuse avec piscine, financés par Jean, sont le fruit de son salaire de fonctionnaire... Son sentiment de culpabilité et son revirement excessif restent pourtant crédibles.
« Les mères font les pères ». La mère de Pierre Salvadori lui répétait cette maxime qui a inspiré au réalisateur et scénariste le tendre effort d'Yvonne pour faire comprendre à son fils que Jean se situait bien loin de l'image d'Epinal fantasmée, bâtie après sa mort. On aurait pu croire que l'assiduité d'Yvonne à démolir l'image de Jean aurait porté ses fruits, mais la fin ironique du film suggère qu'aucun enfant ne peut se passer d'un modèle, même peu conforme à la réalité, et finalement c'est assez rassurant.
Pierre Salvadori avait eu aussi connaissance du cas d'un détenu innocent pressé, à sa sortie de prison, de commettre le délit pour lequel il avait été condamné. Le fou-furieux, interprété par Pio Marmaï, a emboîté ce pas avec un dynamisme allègre, épié et soigneusement suivi par Yvonne pour lui éviter les conséquences de ses actes.
La culpabilité, les contradictions, la mauvaise foi sont le moteur de scènes hilarantes menées avec brio. Une bonne détente.
Nicole Vercueil
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